Initiative sur l'élevage intensif
Elevage intensif. «Les conséquences seront lourdes»
Eleveurs et représentants de l’agriculture fribourgeoise dénoncent une initiative inutile et néfaste
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Maud Tornare
8 septembre 2022 à 04:01
Elevage » «Ils ont trois jours», explique Fabien Kolly au milieu des 12 000 poussins qui gambadent dans une halle de 600 m2, la taille standard pour les poulaillers affiliés à Micarna. Température, taux de CO2 et humidité sont contrôlés en permanence. «Un ordinateur gère le climat de la halle afin qu’il soit le plus sain possible. Les poussins sont à l’intérieur car ils ont besoin d’être au chaud, à une température ambiante de 36 degrés comme s’ils étaient sous leur mère. Mais dès leur vingtième jour, ils pourront sortir dans un espace à l’extérieur de 120 m2», indique Romain Kolly.
A La Roche, les deux frères se sont lancés dans l’aviculture en 2017 en complément de la production laitière. Hier, lors d’une conférence de presse, plusieurs éleveurs et représentants du monde agricole fribourgeois étaient réunis sur leur exploitation pour dénoncer les «lourdes conséquences pour l’agriculture et l’économie» qu’aurait l’initiative sur l’élevage intensif, en cas d’acceptation le 25 septembre prochain.
«Aucune plus-value»
«Cette initiative est un pas vers la mort de l’élevage suisse»
Muriel Chassot
Si l’initiative passe, les frères Kolly, à l’instar d’autres éleveurs, abandonneront la production de poulets de chair. Construit il y a cinq ans, leur poulailler ne répondrait en effet plus aux nouvelles normes bio de 2018 que l’initiative veut étendre à tous les élevages, soit au maximum 2000 volailles par exploitation et réparties dans quatre poulaillers de 500 places. L’an dernier, environ 79 000 poulets ont été engraissés sur leur exploitation, une production qui chuterait avec l’initiative à environ 9000 volailles par an. «D’où viendraient les 70 000 poulets manquants? De l’étranger où il n’y a pas la moitié de nos exigences. En Allemagne, 80% des poulaillers sont des halles de 50 000 poulets et plus, alors qu’en Suisse nous sommes limités actuellement à 18 000», explique Romain Kolly.
Un argument aussi avancé par Fritz Glauser pour qui la diminution de la production indigène impliquera inévitablement une augmentation des importations. «Il sera totalement impossible de contrôler les produits d’importation aussi bien que ceux contrôlés dans nos exploitations agricoles», estime le président de l’Union des paysans fribourgeois. Les différents intervenants ont dénoncé une initiative inutile alors que la Suisse, «seul pays à limiter le nombre d’animaux par espèce et par exploitation» dispose déjà de la «législation la plus stricte au monde». «Cette initiative est un pas vers la mort de l’élevage en Suisse. Elle n’apportera aucune plus-value ni aux animaux ni aux consommateurs», estime Muriel Chassot, présidente de l’Association fribourgeoise des paysannes.
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