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Initiative sur l'élevage intensif

Élevage. la vie des porcs étalée sur vidéo

De nouvelles images tournées dans une porcherie vaudoise questionnent les conditions de détention

Les images prises anonymement dans une porcherie de 750 places du Nord vaudois montrent des animaux «entravés» et manquant d’accès à l’extérieur.

 Achille Karangwa

Achille Karangwa

7 juillet 2022 à 04:01

Animaux » Après les opposants le 13 juin, les partisans de l’initiative «contre l’élevage intensif» lancent également leur campagne en vue de la votation fédérale du 25 septembre. L’association Pour l’égalité animale (PEA) a dévoilé hier un site web consacré à une structure du Nord vaudois accusée d’exploiter industriellement ses cochons. Le locataire estime n’avoir rien fait d’illégal.

«Dans les élevages intensifs, quelle vie pour les animaux?», interroge le site, qui nous propose d’ouvrir «la porte d’une porcherie vaudoise». Une vidéo de deux minutes y présente des images que PEA dit avoir été captées par une source anonyme d’août 2021 à juin dernier. Et les antispécistes de déplorer des animaux «isolés derrière les murs d’un hangar», dans la promiscuité et sur un «sol de béton recouvert de leurs excréments», alors qu’ils sont «entravés par des barreaux sales». Outre l’«hygiène déplorable» et la densité, PEA met également en cause un impossible accès à l’extérieur, tous éléments menant selon eux à des souffrances physiques et psychiques.

Leur porte-parole Pia Shazar assure que «dans la dizaine d’heures de vidéo que nous avons pu analyser, on voit des animaux qui boitent, qui éternuent sans arrêt et n’ont qu’une simple chaînette accrochée aux barreaux pour s’occuper». Les images en leur possession montrent également des antibiotiques ou autres anti-inflammatoires que l’association estime être des «palliatifs à des conditions de vie désastreuses».

Un cadavre est également visible. «Selon notre décompte basé sur les documents filmés, il y a eu 115 morts en deux ans, un peu plus d’une par semaine», dénonce encore Pia Shazar.

Pour le président de la section romande de la faîtière Suisseporcs, «ce sont des images volées, montées et tirées de leur contexte». Gaël Monnerat explique: «Si vous tournez de nuit, tout paraît plus sinistre! Aussi, surpris, les porcs viennent s’entasser vers vous alors qu’ils ont peut-être plus de place.» Les déjections, quant à elles, «ne peuvent pas être nettoyées à 3 h du matin, les militants s’introduisent avant que l’exploitant ne le fasse».

L’éleveur regrette que des «pépins» puissent arriver, mais relève «que l’on montre une ou deux boiteries et on parle de morts sans que l’on sache sur quel effectif total et s’ils ne sont pas morts d’une maladie».

Le vétérinaire cantonal Giovanni Peduto nuance également: «Il est difficile d’émettre un avis pertinent sur les conditions d’hygiène, le bruit, le nombre d’animaux dans le box et les dispositifs d’occupation qui leur sont mis à disposition, sans avoir une vue d’ensemble des locaux.» Et de rappeler aussi la réglementation stricte de l’utilisation des médicaments, autorisant ceux montrés dans la vidéo.

Finalement, «le fait que des animaux ne soient pas détenus sur litière profonde et n’aient pas un accès à l’extérieur ne constitue pas une infraction». Le vétérinaire cantonal rappelle que les porcheries qui assurent, elles, ces deux conditions constituent «plus de la moitié des exploitations porcines dans le canton».

Votation en septembre

La coordinatrice romande de l’initiative «contre l’élevage intensif», Julia Huguenin, précise que leurs revendications «ne portent pas sur la majorité des structures qui ne posent pas problème, mais sur la minorité qui concentre une majorité des animaux en Suisse». Pia Shazar ajoute: «Les opposants à l’initiative soutiennent que l’élevage intensif n’existe pas en Suisse et font campagne avec des dessins animés. Nous montrons les images réelles: la loi actuelle permet de bafouer la dignité des animaux.» Questionné sur la notion d’élevage intensif si décriée, Gaël Monnerat reconnaît que l’apparence de ce type d’exploitation «peut montrer des conditions qui rappellent leur version industrielle».

Pour lui, il ne faut toutefois «pas oublier qu’en Suisse ils ont bien plus de place que dans d’autres pays, ne sont pas nourris de manière intensive et encore moins avec des hormones de croissance qui sont ici interdites».

Contacté, le locataire de la porcherie de 750 places filmée de manière anonyme estime n’avoir rien fait d’illégal et précise «être contrôlé quatre fois par année». Pour PEA, qui n’a pas précisé la localisation de cette structure du Nord vaudois, «il ne s’agit pas du tout de pointer du doigt un exploitant en particulier – respectant peut-être la loi – mais de montrer plutôt que le cadre légal est insuffisant.» Les Suisses trancheront dans les urnes le 25 septembre.

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