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Canton

Le groupe de travail mis en cause

Le choix des sites éoliens est inadapté à la taille des machines et néglige l’humain, selon les opposants

La Suisse n’a pas fixé de distance spécifique entre les éoliennes et les premières habitations.

 Stéphane Sanchez

Stéphane Sanchez

18 février 2022 à 02:01

La Sonnaz » La grille de sélection des sites éoliens fribourgeois n’est pas adaptée à la taille des machines envisagées. C’est en substance l’argumentaire déposé hier par l’association Non au parc éolien Les Collines de la Sonnaz, dans le cadre de la consultation sur la modification du plan directeur cantonal. «Ni le cadre de vie des gens, ni la densité de population, ni la santé, ni la fonction sociale de la forêt n’ont été pris en compte» dans le choix des sites. L’association demande à l’Etat de «reprendre la planification de zéro», sur la base d’études du vent.

Dans son collimateur: la grille de sélection des sites éoliens utilisée par le Groupe de travail (GT), constitué de services de l’Etat. Une grille que l’association a déjà critiquée (La Liberté du 5 février) mais qui souffre d’un autre défaut: le GT n’a pas tenu compte de l’ampleur des machines – «des éoliennes de plus de 200 mètres de haut, brassant 15 000 m2».

Un oubli «de taille»

Selon l’association, cela transparaît d’abord dans les distances minimales requises (300 à 500 mètres) entre les éoliennes et les premières habitations. C’est le seul critère «social» retenu par le GT. Pourtant, en 2016, le Conseil d’Etat avait lui-même averti par écrit la Confédération: «Il semble encore important d’émettre une réserve concernant les distances (périmètre tampon)», suggère le gouvernement, cité par l’association. Cette dernière rappelle que la Suisse n’a pas fixé de distance spécifique pour les éoliennes. Berne s’en tient à l’ordonnance sur la protection contre le bruit, qui remonte à 1986 – «avant l’arrivée des éoliennes sur le marché».

L’association estime qu’au vu de la taille des machines, le GT aurait aussi dû tenir compte: de la densité du bâti voisin et de sa fonction agricole ou résidentielle; du bruit généré par le «cumul» des machines et leur «encerclement» (autour des habitations); de leur ombre portée particulière, due à leur situation au sommet des collines. Il aurait aussi dû considérer la fréquentation importante de la forêt. Cette fréquentation a une incidence sur le risque d’accident (projection de glace). Un risque que le GT a certes intégré mais seulement au regard des infrastructures publiques comme les autoroutes.

Un autre biais a favorisé les sites de plaines, suggère l’assciation: le poids accordé aux accès routiers et au raccordement électrique, aussi important que le vent. Des sites «facilement accessibles» et «proches des postes électriques (donc des villages)» permettent de «limiter les coûts d’investissement» et de «réduire le coût de revient de kWh pour les exploitants». Ces deux critères «ont conduit à sélectionner des sites peu productifs et à renoncer à des sites fortement productifs» (car plus venteux).

Or, argue l’association, «la rentabilité d’un site n’a rien à faire dans la planification du territoire»: c’est un intérêt privé. Seuls les intérêts publics, comme «la protection de l’environnement, du paysage ou de la santé, doivent être pris en compte. La Conception éolienne de la Confédération est très claire à ce sujet.»

Non au parc éolien Les Collines de la Sonnaz estime aussi que les membres du GT étaient «en relation avec les promoteurs dès 2011» et pointe «le manque d’esprit critique du groupe vis-à-vis du lobby éolien». L’association signale encore qu’«Ennova a participé à la fixation des critères» et à «l’interprétation des résultats», selon son contrat avec le Service de l’énergie. «Cela pose un grave problème d’impartialité, puisque l’entreprise avait prospecté exclusivement des sites en plaine fribourgeoise.» Ennova s’est défendue dans nos colonnes (La Liberté du 22 décembre 2021).

Population mal défendue

L’association s’arrête aussi sur les acteurs qui ont pris part à la consultation à l’origine de la grille. Les rares communes présentes – «seules à pouvoir défendre les intérêts des populations locales» – «étaient souvent désarmées» face à la problématique. Quant aux associations de protection de la nature, elles «ont souvent jugé nul le critère société (les distances, ndlr) et accordé une importance énorme au paysage». Résultat: «Cette conjonction d’influences a eu pour effet de favoriser les sites peu ventés en plaine habitée.»

L’association invite ainsi le Conseil d’Etat «à écrire au Conseil fédéral pour faire part des problèmes politiques découlant du cadre légal minimaliste en vigueur».

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