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Canton

En quête de reconnaissance

Surcharge, décès en série: dans plusieurs EMS du canton, l’accompagnement des résidants a radicalement changé. Témoignages d’une spécialiste et de quelques soignants

ARCHIV - ZUM THEMA BAHNINFRASTRUKTUR AN DER FRUEHJAHRSSESSION STELLEN WIR IHNEN FOLGENDES BILDMATERIAL ZUR VERFUEGUNG - ARCHIV - ZUM THEMA IV-RENTE AN DER FRUEHJAHRSSESSION STELLEN WIR IHNEN FOLGENDES BILDMATERIAL ZUR VERFUEGUNG - The Domicile Bethlehemacker in Berne, Switzerland, offers rooms for 48 people, which find a home and comprehensive care there. Part of the domicile is a specialized center for dementia patients, where people suffering from dementia find a living environment made to measure. Pictured on October18, 2012. (KEYSTONE/Gaetan Bally) Das Domicil Bethlehemacker in Bern, Schweiz, bietet für 48 Menschen ein Zuhause mit umfassender Pflege. Es verfügt über ein spezielles Demenzzentrum, wo Menschen mit einer Demenz einen auf sie zugeschnittenen Lebensraum finden. Fotografiert am 18. Oktober 2012. (KEYSTONE/Gaetan Bally)GAETAN BALLY/© KEYSTONE / GAETAN BALLY

 Stéphane Sanchez

Stéphane Sanchez

18 novembre 2020 à 23:27

Temps de lecture : 1 min

Homes » Gérontopsychologue au Réseau fribourgeois de santé mentale (RFSM), Marianna Gawrysiak enchaîne les visites dans les EMS du canton, pour soutenir les équipes soignantes et les résidants en difficulté. Depuis le début de la pandémie, elle a mené 37 séances de soutien dans une petite dizaine d’institutions – les plus touchées du moment –, dont 17 au cours de la deuxième vague. «Aujourd’hui, c’est encore tendu. Mais la situation commence à être maîtrisée», observe la spécialiste. «La plupart des équipes sont dans un état d’épuisement avancé et redoutent une deuxième vague qui s’éterniserait, voire une troisième qui les submergerait.»

Qu’est-ce qui pousse les homes à vous solliciter?

Marianna Gawrysiak: Les soignants, mais aussi leurs collègues de l’intendance, de la cuisine ou de l’animation éprouvent surtout le besoin de «vider leur sac» en toute confiance, de mettre des mots sur ce qu’ils vivent et d’entendre qu’on reconnaît leurs souffrances et leurs efforts. Tous accumulent les émotions, le stress du confinement et la surcharge de travail due à l’absence de collègues contaminés. La surcharge est telle, pour certains, qu’ils manifestent presque un syndrome post-traumatique. Mon rôle consiste à comprendre avec eux ce qu’ils vivent et à leur permettre de se libérer de ce surplus d’émotions.

On imagine que les décès en série sont aussi une épreuve…

Naturellement! Les membres du personnel connaissent bien les résidants et leurs proches. Ils vivent réellement un deuil, et ces départs en série sont cruels pour eux. D’autant qu’ils ne peuvent plus fournir l’accompagnement relationnel habituel. Le masque, la charlotte, la surblouse, la distance à garder, l’absence des gestes de tendresse: tout cela bouleverse la manière de travailler. S’y ajoute la rapidité avec laquelle l’état des malades peut se dégrader: la vitesse est telle que l’accompagnement de fin de vie «en douceur», en présence des proches, n’est plus possible.

Le personnel a-t-il le sentiment d’avoir failli?

Je ne sais pas s’ils le ressentent ainsi, mais ils ne le devraient pas. On ignore le plus souvent d’où viennent les contagions en EMS. Hors confinement, ces institutions sont des lieux ouverts: les résidants sortent, les proches viennent massivement les visiter. C’est aussi un lieu où l’on vit en communauté. Depuis la pandémie, on sous-entend plus ou moins que l’institution et les soignants sont en partie responsables de la mortalité actuellement élevée. Mais toutes les équipes font au contraire un travail admirable. Cette chasse aux sorcières n’a pas de sens. Il faut plutôt passer ce cap de manière solidaire.

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