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Canton

Des musées encore trop inaccessibles

En Suisse, deux tiers des musées ne sont pas totalement ouverts aux personnes en chaises roulantes

Des amateurs d'art se sont pressés au musée avant l'entrée en vigueur des nouvelles restrictions sanitaires dûes au Covid-19. Reportage lors du dernier jour d'ouverture du Musée d'art et d'histoire de Friboureg (MAHF). Photo Lib/Charly Rappo, Fribourg, 08.01.2021Charly Rappo

Nicolas Maradan

Nicolas Maradan

12 janvier 2021 à 20:24

Temps de lecture : 1 min

Culture » A cause du coronavirus, tous les musées sont aujourd’hui fermés. Mais même quand ils rouvriront leurs portes, tout le monde ne pourra pas y accéder. Car en Suisse, seulement 35% des musées sont totalement accessibles aux chaises roulantes. Les autres ne le sont que partiellement ou pas du tout. C’est ce qui ressort d’une analyse du moteur de recherche disponible sur le site internet de l’Association des musées suisses (AMS). Ce taux varie beaucoup d’un canton à l’autre. Les meilleurs élèves sont Appenzell Rhodes-Intérieures, avec deux établissements accessibles sur trois, et Bâle-Ville (56%). Le canton de Fribourg se classe au cinquième rang avec pile 50% (11 musées sur 22), à égalité avec Nidwald, Zoug et Glaris. Obwald et Schaffhouse ferment la marche, eux qui ne disposent d’aucune collection totalement ouverte aux personnes à mobilité réduite.


A noter que cette recherche ne tient compte que des établissements qui sont membres de l’AMS et donc qui respectent les critères définis par le Conseil international des musées (ICOM). Directrice du Musée gruérien de Bulle et présidente de l’AMS, Isabelle Raboud-Schüle précise: «Un musée doit respecter les règles éthiques du Conseil international des musées et, en particulier, disposer d’une base institutionnelle stable et clairement sans but lucratif. Il doit tenir à jour un inventaire de ses collections, être en mesure de conserver et exposer adéquatement les œuvres et objets qu’il détient. Tout cela implique un engagement dans la durée. Mais le musée a surtout une mission à l’égard de la société, en permettant la recherche sur ses collections et en fournissant de la documentation de qualité.»


Bâtisse du XVIIe siècle

S’il paraît très bas, le taux d’accessibilité pour les fauteuils roulants n’est néanmoins pas surprenant. «Beaucoup de musées sont situés dans des bâtiments historiques, qui souvent sont protégés. Il est donc très difficile, voire impossible, de garantir une complète accessibilité pour les personnes en chaises roulantes. Il faudrait investir beaucoup d’argent pour construire par exemple des ascenseurs extérieurs. Et ce n’est pas toujours compatible avec la conservation du patrimoine bâti», remarque Isabelle Raboud-Schüle.

Elle ajoute: «Les musées qui sont pleinement accessibles sont ceux qui sont logés dans des bâtiments construits spécifiquement pour eux. Aujourd’hui, cela se fait de plus en plus, comme à Lausanne avec le quartier des arts Plateforme 10. Mais la majorité des musées sont situés dans des bâtiments qui n’ont pas été pensés pour ça, comme des habitations, des ateliers ou des bâtiments ruraux.»

Au Musée de Charmey, par exemple, une seule salle est accessible aux personnes à mobilité réduite. Elle contient l’exposition permanente consacrée à la chartreuse de La Valsainte. En revanche, impossible pour les chaises roulantes de monter dans les étages accueillant les expositions temporaires. L’institution est logée dans une bâtisse datant du XVIIe siècle, l’ancien Platzhaus de Bellegarde, qui a été déplacée et rénovée au tournant des années 1980 à 1990. «Il aurait été possible, à l’époque, d’inclure peut-être un ascenseur quelque part, mais cela n’a pas été fait. Garantir l’accessibilité n’était pas encore obligatoire lors de rénovations ou de constructions de bâtiments publics. Mais ça le serait aujourd’hui», relève Elise Meyer, conservatrice.

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