Anne Fouradoulas, Fribourg
9 octobre 2024 à 11:07
Il est des principes auxquels on ne devrait pas déroger. Surtout pas pour des motifs pécuniaires d’une importance toute relative pour la commune de Fribourg. C’est au terme de longues tractations que la communauté israélite de Fribourg a acquis, en 1912, une parcelle indépendante pour y inhumer ses défunts selon le rite judaïque. Or, le nouveau règlement communal fixe une taxe d’entrée pour tous les défunts qui n’habitent pas la ville, au prétendu motif de «l’égalité de traitement». Cela ne s’applique pas pour plusieurs motifs, dont le principal tient aux différences notoires entre entités religieuses qui rendent l’exercice improbable (La Liberté des 18 et 25 septembre, «L’égalité s’applique au cimetière», «La fédération israélite tance la ville de Fribourg»).
D’abord, le judaïsme prescrit que les corps reposent en terre indéfiniment, ce qui n’est pas le cas pour les confessions chrétiennes. Dès lors, les coreligionnaires israélites seraient amenés à renouveler le paiement du montant requis par la commune de Fribourg, tous les trente ans, sur des siècles, faisant ainsi porter ce poids financier aux descendants, pour autant qu’ils existent. Ensuite, ne disposant d’aucune autre parcelle dans le canton, les Israélites n’ont d’autre choix que de reposer au cimetière de la commune de Fribourg – ce qui crée une seconde discrimination.
Enfin, à l’heure où la communauté israélite de Fribourg connaît un déclin inexorable, ne devrions-nous pas faciliter la vie à notre diversité culturelle et religieuse au lieu de lui mettre à nouveau des bâtons dans les roues avec des dispositions futiles, qui rappellent étrangement les lois d’exception qui ne disent pas leur nom?