Benoît Sansonnens, avocat, Villars-sur-Glâne
Aujourd’hui à 16:36, mis à jour à 17:08
Le Ministère public remplit-il encore sa fonction d’accusateur public? C’est la question que je me pose en lisant l’article paru dans l’édition du 15 novembre, qui concerne un ressortissant portugais qui a failli être transformé en chair à pâté à cause du dysfonctionnement du système de sécurité d’une machine. Il est en effet inadmissible que, pour une affaire aussi sensible, l’avocate de la partie plaignante, certes hautement compétente, se trouve seule face à cinq avocats de la défense. Un dossier aussi sensible impose la présence d’un procureur lors du procès, même si cela n’est procéduralement pas obligatoire.
En effet, une absence aussi remarquée du Ministère public donne un mauvais signal au niveau du respect des normes de sécurité et est aussi ressentie comme un manque d’empathie du côté de l’ouvrier, qui est considéré comme une quantité négligeable et facilement remplaçable, surtout s’il est étranger. Ce n’est pas la première fois que l’on se trouve en présence d’une telle maladresse émanant du Ministère public: le procureur général était le grand absent du procès Extinction Rebellion, tout en interjetant malgré tout un recours auprès du Tribunal fédéral. Un tel manque de cohérence nuit à l’image de la justice et il y aura lieu d’y remédier au moment de l’élection du nouveau procureur général.
Justice must not only be done; it must also be seen to be done. En clair, les apparences doivent être préservées, faute de quoi le justiciable perdra toute confiance dans le système. Qui pourrait lui donner tort?