Gérard Delaténa, Pontarlier
7 janvier 2025 à 00:00
Le 27 novembre 1977, le prestigieux organiste du Christ-Roi à Fribourg, René Oberson, lançait les 109 jeux du grand Cavaillé-Coll sous les croisées d’ogive de l’architecte Pierre de Montreuil, à Notre-Dame de Paris, en présence de 4500 auditeurs. Ce furent des instants de félicité où nos insipides existences sont projetées dans les zones de l’Empyrée. Comment Oberson bénéficia-t-il de ce privilège recherché par tous les grands organistes de la planète?
Un dimanche à Notre-Dame, Pierre Cochereau, titulaire et génie planétaire de l’improvisation, au débotté, me dit en substance: je crois savoir que tu connais René Oberson. J’ai écouté son dernier disque consacré à César Franck et à Jean Langlais: une perle! Amène-le-moi à Notre-Dame, il doit absolument se faire entendre sur la plus célèbre tribune de la planète.
Si le sage Oberson a toujours fui les honneurs, il eût été indécent qu’il refusât cette consécration. Lors de ce merveilleux concert, je me trouvais dans le triforium de droite au côté de Jean Langlais, compositeur joué dans le monde entier. Et puis j’avais une familiarité rare avec Langlais, il est fils d’un tailleur de pierre breton.
A l’instant où Oberson, dans un staccato fulgurant, introduisit la contre-bombarde de pédale (de 32 pieds), nous fûmes tous pris de tressaillements irrépressibles, même le calcaire royal du saint lieu n’y résista. A l’issue de ce concert, Jean Langlais m’a confié qu’il considérait René Oberson tel l’un des plus prestigieux interprètes. A cette occasion, j’appris que René Oberson fut son élève à Sainte-Clotilde sur l’orgue de César Franck. Il est le seul Fribourgeois ainsi honoré.
Aujourd’hui, ce sage descendant d’Erasme s’est retiré sur son Aventin. Dommage pour la musique.