Charlotte Giudicelli, Fribourg
7 octobre 2024 à 13:04, mis à jour à 14:07
Poussins, vous avez dit «catégorie des poussins»? Ils sont encore tout frêles, les ailes tout juste échauffées par les GO (gentils organisateurs) d’une célèbre marque spécialisée dans le soulagement des douleurs musculaires, du haut de leurs tout juste cinq ou six printemps. Sans savoir vraiment où voler, ils s’apprêtent à prendre le grand départ. L’animateur et la mascotte les surchauffent à bloc, la foule est en délire et le compte à rebours est lancé!
Je lui fais un dernier signe, il me sourit… et puis c’est l’hécatombe. Mon cœur de maman poule se serre: bon nombre de nos poussins sont à terre dès les premiers mètres. Piétinements, bousculades, écrasements, tous y laissent bon nombre de leurs jolies plumes avec perte et fracas. Quel carnage! Si j’avais su… Et pourtant, ils étaient si fiers de voler de leurs propres ailes! Certains reprennent leurs esprits, le mien reste à terre, la tête sanglante et le bec endolori. Je crie, j’alerte, j’enjambe la barrière de sécurité. Mon petit poussin comme bien d’autres atterrit chez nos bons Samaritains, qui sont très vite débordés.
Coubertin disait que «l’important, c’est de participer!» Doit-on pour autant parquer nos poussins dans des étroits couloirs de départ, dans une ambiance survoltée de «gagne à tout prix», sans une once de protection, et espérer qu’ils ne nous reviennent pas en pièces détachées? Faut-il un drame pour préserver la chair de nos chairs? Chers organisateurs, quel souvenir voulez-vous laisser à nos poussins de cette course légendaire? Le nôtre est aujourd’hui amer.