Maurice Guillet, Avry-sur-Matran
Aujourd’hui à 12:08
Il faut lire absolument les mémoires posthumes d’Alexeï Navalny (Patriote, Robert Laffont, 2024), le plus célèbre des dissidents russes, héraut de la lutte contre la corruption, décédé dans une colonie pénitentiaire de l’Oural en février 2024. Modèle de courage inflexible et de profonde intégrité, le citoyen Navalny a osé défier la dictature de Poutine et n’a eu de cesse de dénoncer les mensonges, l’hypocrisie et la corruption qui gangrènent l’appareil d’Etat russe jusqu’à son sommet. Il l’a payé de sa vie.
Son parcours et son destin sont comparables – certes, dans un tout autre contexte – à ceux des juges Falcone et Borsellino dans leur lutte contre la mafia: au risque de voir la vérité éclater au grand jour – éventualité inenvisageable à leurs yeux –, leurs ennemis n’ont eu d’autre choix que de les assassiner. Pour la victime, le sacrifice ultime, mais une victoire post mortem jusqu’à la fin des temps…
Dans des pages inoubliables, Navalny décrit son empoisonnement au Novitchok en 2009, le soutien indéfectible de son épouse Ioulia dans les pires moments, son combat pour la présidentielle en 2017 et – pierre angulaire de toute son action – son amour de la Russie et des Russes. Ce livre testament, dont les médias n’ont pas assez parlé, restera comme une petite flamme dans la nuit de l’obscurantisme et l’une des phrases de son auteur devrait résonner encore longtemps à l’oreille de tout citoyen un tant soit peu soucieux de vivre dans un monde libre et éclairé: «Un jour, j’ai pris la décision de ne pas avoir peur.»