Xavier Koeb, Châtel-Saint-Denis
17 février 2025 à 14:44
La Liberté se fait régulièrement l’écho des problèmes à l’HFR: manque de médecins et de personnel, horaires pénibles, etc. C’est récurrent dans toute la Suisse. Or, après le projet privé de polyclinique médicale avec salle d’opération (!) à Romont, un autre projet de centre médical va se créer à Gruyère-Centre Migros à Bulle (LL du 18.1). Ce centre pourrait accueillir 15 médecins. L’assuré (et client potentiel) ne comprend plus rien.
D’un côté les problèmes du secteur médical public. De l’autre des centres gérés par Medbase (groupe Migros), dont ce sera le 3e dans le canton et le 66e en Suisse. Où donc vont-ils chercher ces médecins et le personnel? Les salaires y sont-ils clairement plus élevés que dans le secteur public? Qui va contrôler la qualité médicale de ces centres? Et surtout, quels seront les tarifs facturés aux assurances? Si l’hôpital public doit équilibrer ses comptes, les cliniques privées doivent en plus dégager des bénéfices pour les actionnaires. Ont-ils trouvé la solution miracle? Ou bien c’est encore une fois l’assuré-contribuable qui passera à la caisse?
C’est la preuve que la médecine est devenue une marchandise comme une autre. Les pharmacies Medbase (toujours Migros) prolifèrent. Mais en achetant en gros, elles ont des marges que le pharmacien de quartier ne peut obtenir. A l’avenir, en allant acheter ses poireaux à la Migros, on prendra la porte juste à côté pour une petite coloscopie ou une modeste appendicectomie. En ambulatoire, bien sûr. Avec un chiffre d’affaires de 29 milliards et un bénéfice de 1700 millions, le groupe Migros n’avait pas besoin de cette source de profit. Qu’en penserait le brave Duttweiler?