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Courrier des lecteurs

Il est temps de libérer la parole


Kalinka Janowski, secr. Femmes socialistes fribourgeoises, Fribourg

Kalinka Janowski, secr. Femmes socialistes fribourgeoises, Fribourg

Aujourd’hui à 11:25

Temps de lecture : 2 min

L’année a commencé depuis quelques semaines seulement et, à l’heure où j’écris ces lignes, huit femmes ont été assassinées pour la simple raison d’être nées femmes. Huit féminicides, huit femmes violemment arrachées à leur vie, à leurs amies et amis, à leurs enfants, à leurs collègues, à leurs voisines et voisins.

Ce constat, vous l’avez lu, peut-être même dans les pages de La Liberté: en 2024 (20 victimes); en 2023 (18); en 2022 (16); en 2021 (26)… et vous y êtes peut-être même habitués, voire insensibles, comme un problème qui n’arrive qu’aux autres, un «dérapage» qui n’arriverait jamais ni à vous, ni à vos proches.

Mais abordons, si vous le voulez bien, la problématique dans le sens inverse. Et si nous projetions la lumière sur ces bourreaux – ou plutôt, si nous les extirpions de l’ombre en les tirant par la manche. S’il est évident et d’une nécessité absolue de parler des victimes, de continuer à faire vivre leur mémoire, qu’en est-il des meurtriers, étrangleurs, tabasseurs, poignardeurs? Tout comme peuvent l’être les victimes, les bourreaux font peut-être partie de vos connaissances, qu’elles soient proches ou lointaines.

Face à cette réalité, une solution immédiate s’offre à nous toutes et tous: parler, toujours, tout le temps. Qu’il s’agisse d’un danger vécu, supposé, rapporté, parlons pour protéger et défaire la honte que des siècles d’une collectivité patriarcale ont imposée sur nos réalités. Portons la voix aussi haut que possible pour qu’il ne soit plus jamais possible de nous faire taire.