Nicole Haefliger, Autafond
7 novembre 2024 à 11:56
De l’illusion pour quelques milliards, qui dit mieux? L’autoroute est déjà là et c’est bien. On peut s’occuper d’autre chose. Un préoccupant délitement des fondements environnementaux et sociaux est en cours, documenté inlassablement par les scientifiques qui ne savent plus comment alerter. Cette réalité n’est pas enjôleuse, n’enrichit aucun lobby, mais ne va pas se résorber d’elle-même. Continuer à faire la même chose en espérant un changement est vain.
Nous voilà face au défi de réinventer collectivement un rapport au monde plus intelligent, solidaire et responsable. Dans cette optique, exacerber par exemple un modèle de mobilité axé sur la voiture individuelle n’est pas une solution. La campagne pour l’extension des autoroutes, en vue de la votation du 24 novembre, ose néanmoins invoquer l’évidence et la nécessité. «Plus fluide, moins de bouchons» sont les aspects qu’elle conçoit comme une priorité.
Dans un joyeux tour de passe-passe, le projet se targue même d’écologie, niant les hausses de trafic et l’impact sur la santé, taisant les terres et forêts ruinées et la quantité colossale d’énergie grise impliquée. On sent affleurer le bon vieux rêve de croissance infinie, ce rêve en impasse resservi à 5 milliards par temps d’austérité.
L’implicite de cette campagne s’énonce en ces termes: peu importe que presque tous les budgets soient rabotés (crèches, AVS, formation, recherche, climat, santé, presse, transports publics, etc.), peu importe que la nature chancelle dangereusement, les maxi-autoroutes offriront encore un peu d’illusion. Est-ce vraiment cela qui est souhaitable?