Bernard Aebischer, Marly
6 janvier 2025 à 00:00
Officiellement, Fribourg est une ville romande à minorité alémanique (14%) à laquelle beaucoup de droits sont reconnus. Alors qu’un projet de loi dira sous peu les conditions pour rendre une commune bilingue, le Conseil communal lance un concours pour la création d’un logo bilingue (LL du 12.12.2024). Celui-ci donnera-t-il le faux message que l’allemand aurait déjà obtenu ce statut? Le cas échéant, la tromperie imprimée sur les supports de communication et les véhicules sera-t-elle retirée? On peut en douter…
Dans ce contexte, la décision de l’exécutif s’apparente à un coup de force visant à accorder à une minorité de 14% des droits qu’elle n’a dans aucune capitale cantonale. Mais quel serait le coût de cette consécration finale? A Bienne, le bilinguisme coûte 6 millions de francs par année. A Fribourg, une chose est sûre, les francophones supporteraient 86% de la facture, les Alémaniques 14%.
Plus grave, le pouvoir politique serait confié à une élite bilingue, reléguant la majorité des francophones au rang de citoyens de seconde zone. En effet, seul un francophone sur cinq étant parfaitement bilingue, il s’avère que 80% de la communauté romande de la ville de Fribourg ne pourraient plus prétendre siéger sérieusement dans un exécutif dont l’allemand serait aussi langue officielle.
Autrement dit, sur les 22 000 citoyens de langue française, 17 000, non bilingues, n’auraient plus la possibilité de s’engager dans la politique active de manière compétente. Reste la question qui dérange: qui a intérêt à perpétuer une élite bilingue à la tête de la ville?