Christian Berset, Villars-sur-Glâne
3 décembre 2024 à 11:56, mis à jour à 15:21
L’article consacré à Mme Engelhorn n’aurait pas pu mieux tomber que ce 29 novembre, jour des délires consuméristes du Black Friday («Le pouvoir de l’argent mis à l’index»)! Assiste-t-on, enfin, à une prise de conscience de l’aberration que constitue l’accumulation de richesses, surtout celles obtenues sans mérite (héritiers, etc.)? Riche héritière, Mme Engelhorn a souhaité se faire taxer solidairement plutôt que de placer sa fortune dans des paradis fiscaux ou d’utiliser des entourloupes pour échapper au fisc. Elle en a même cédé la majeure partie. Mme Engelhorn cite quelques émules dans cette prise de conscience. Les ultra-riches seraient-ils au crépuscule de leurs indécents privilèges?
Certes, les concernés argumentent, à raison, que ce sont eux qui contribuent en majorité à l’économie. Une petite anecdote à ce propos: en tant que président, blanc, suisse (eh oui, ça peut aider), d’une petite ONG active au Burkina Faso, j’ai le privilège d’avoir accès à des contacts politiques et économiques haut placés. Lors d’un des voyages dans ce pays, j’ai ainsi été convié à un repas avec un responsable d’une grande entreprise locale. Il m’a proposé de me raccompagner dans sa grande voiture climatisée.
Traversant les quartiers de commerçants de rue, je lui demande s’il ne faudrait pas aider ces personnes à obtenir le minimum vital, dont celui permettant de scolariser leurs enfants. Réponse brute de décoffrage: «C’est grâce à nous qu’ils peuvent survivre, c’est nous qui faisons tourner économiquement le pays.» Pan! Optimiste de nature, je suis persuadé qu’un jour viendra où l’argent ne sera plus adulé tel le veau d’or!