Logo

Courrier des lecteurs

Courrier des lecteurs. A l’origine des guggenmusiks


Xavier Koeb, Châtel-Saint-Denis

Xavier Koeb, Châtel-Saint-Denis

5 septembre 2024 à 11:28

Temps de lecture : 2 min

A propos des 50 ans de la guggenmusik Tétanoces de Payerne (LL du 23.8), il me semble intéressant de raconter l’origine de ces fanfares. Elle se situe à Bâle vers 1941-1942. Détail important: en dialecte bâlois, «Gugge» veut dire cornet ou sachet en papier. Les hommes sont sous les drapeaux, mobilisation oblige. Les fanfares locales se retrouvent avec des effectifs réduits ou des remplaçants. Qu’à cela ne tienne, jouer remonte le moral.

Un soir, alors qu’un trompettiste débutant s’époumone sur son instrument, le chef lui lance: «Du blosiesch wie innere Gugge!» C’est-à-dire: «Tu souffles comme dans un cornet!» On ne sait pas si le musicien s’est amélioré, mais les répétitions et quelques concerts se poursuivent jusqu’à la fin de la guerre. Quand les mobilisés retrouvent leur fanfare, les remplaçants doivent partir. Pourtant ils estiment, sans être des cracks, que leur musique n’est pas si mauvaise. Ils continuent, juste pour rigoler. La gugge-muusik est née. Exclus des concours et défilés officiels, ils commencent à déambuler en parallèle. Et sont admis à la Fasnacht (carnaval), entre les célèbres cliques de fifres et tambours.

Ayant vécu plus de dix ans à Bâle, j’ai constaté qu’il y a toujours trois ou quatre très bons souffleurs dans une guggenmusik et très peu de percussions. Un soir à la fête des vendanges de Neuchâtel, je jouais sur un podium avec mon quintet de jazz. Une guggen passe. On arrête de jouer par politesse. Ni une, ni deux, plusieurs musiciens grimpent sur l’estrade et entament avec nous un célèbre air de jazz. Refrain repris en chœur par tous les musiciens. Quel immense plaisir! La musique n’a pas de frontières.