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Politique

France. Macron en quête d'un gouvernement: le PS prêt à négocier

En pleine crise politique et dans un contexte budgétaire inquiétant en France, le parti socialiste s'est dit vendredi prêt à discuter avec le camp présidentiel et la droite en vue de former un nouveau gouvernement. Le Premier ministre devrait toutefois être de gauche.

Le patron du PS français Olivier Faure a réclamé "un Premier ministre de gauche" et déploré qu'Emmanuel Macron "n'ait encore appelé ni les écologistes ni les communistes" (archives).KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT

ATS
AFP

ATS et AFP

5 décembre 2024 à 20:23, mis à jour le 6 décembre 2024 à 15:28

Temps de lecture : 3 min

Le président Emmanuel Macron reçoit vendredi à l'Elysée plusieurs dirigeants politiques en vue de la formation d'"un gouvernement d'intérêt général", après la chute mercredi soir de celui dirigé par Michel Barnier, victime d'une censure parlementaire historique.

Le chef de l'Etat, qui s'est dit à la recherche d'un "arc de gouvernement", a tenté jeudi soir de reprendre la main lors d'une allocution télévisée suivie par 17,5 millions de Français, promettant la nomination d'un nouveau Premier ministre "dans les prochains jours".

Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, reçu à la mi-journée, s'est dit prêt à faire "des compromis sur tous les sujets", y compris les retraites, "et voir ce qu'il est possible de faire sur une durée limitée".

Mais "en aucun cas", le PS ne participera à un gouvernement dirigé par un Premier ministre de droite, a-t-il martelé, réclamant un dirigeant "de gauche", pour garantir "un changement de cap".

M. Macron "n'a posé aucun préalable sur aucun sujet" lors de leur rencontre et n'a "absolument pas" demandé aux socialistes de se détacher du parti de gauche radicale La France insoumise (LFI), a indiqué Olivier Faure.

"Il faut bien qu'on trouve une solution parce qu'on ne peut pas mettre le pays à l'arrêt pendant des mois", a-t-il plaidé.

La France s'est déjà retrouvée gérée par un gouvernement démissionnaire pendant plusieurs semaines cet été, après une dissolution et des législatives anticipées ayant abouti à une Assemblée fragmentée en trois blocs (alliance de gauche, macronistes et droite, extrême droite), sans majorité absolue.

Pas de décision immédiate

Les marchés saluaient les déclarations de jeudi soir et vendredi. La Bourse de Paris était en forte hausse en début d'après-midi (+1,5%), tandis que le taux auquel la France emprunte sur les marchés s'affiche en recul.

L'annonce du nom d'un nouveau Premier ministre n'est néanmoins pas attendue avant le week-end, voire lundi, et encore davantage de temps devrait être requis pour connaître la composition de sa nouvelle équipe.

Entre-temps, M. Macron va s'offrir une parenthèse avec la réouverture en grande pompe de Notre-Dame samedi, où plusieurs dizaines de chefs d'Etat ou de gouvernement, dont le président élu américain Donald Trump, sont attendus.

Les négociations ne s'annoncent pas simples. La droite "ne pourra faire aucun compromis avec la gauche", a d'ores et déjà affirmé le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau, aux positions très conservatrices.

Le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), la gauche radicale, les écologistes et les communistes n'ont pas été invités par la présidence à ce stade, alimentant les spéculations sur une tentative de fragiliser l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), première force à l'Assemblée nationale.

M. Faure s'est dit "étonné" et "inquiet" que le chef de l'Etat "n'ait pas encore appelé ni les communistes ni les écologistes qui ont pourtant fait part de leur volonté de participer à une démarche constructive".

La patronne des Écologistes, Marine Tondelier, a regretté ne pas avoir été invitée, estimant que "la justice sociale et l'écologie", le président "ne veut pas en parler".

"Les socialistes font ce qu'ils veulent", a balayé de son côté le coordinateur du parti LFI Manuel Bompard, tout en jugeant qu'"aller discuter ou négocier une forme de coalition avec les macronistes (...), c'est une rupture avec les engagements pris devant les électeurs."

Priorité: le budget

La prochaine présidentielle est prévue en 2027, mais certains, particulièrement la gauche radicale, réclament la démission de M. Macron.

Ce dernier a balayé cette hypothèse, répétant qu'il accomplirait son mandat "jusqu'à son terme" en 2027.

Le chef de l'Etat a souligné que la "priorité" du nouveau Premier ministre serait "le budget, alors que les discussions au Parlement ont été interrompues par la motion de censure".

En attendant un budget l'année prochaine, une loi spéciale sera déposée "avant la mi-décembre au Parlement", a-t-il précisé, décrivant une "loi temporaire" qui "permettra la continuité des services publics et de la vie du pays" en appliquant "pour 2025 les choix de 2024".

La situation budgétaire de la deuxième économie de la zone euro requiert un exécutif rapidement. Attendu à 6,1% du PIB en 2024, le déficit public ratera son objectif de 5% en l'absence de budget.