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Bosnie. Le ministre bosnien de la Sécurité arrêté pour corruption

Le ministre bosnien de la Sécurité, Nenad Nesic, a été arrêté jeudi dans le cadre d'une enquête pour corruption. Les faits remontent à l'époque où il était directeur d'une entreprise publique de gestion des routes, a annoncé le parquet.

Nenad Nesic, à gauche, le ministre de la sécurité de Bosnie, ici lors d'une visite de travail à Vienne en 2023 avec le ministre de l'Intérieur autrichien Gerhard KarnerKEYSTONE/APA/APA/GEORG HOCHMUTH

ATS
AFP

ATS et AFP

26 décembre 2024 à 14:25, mis à jour à 14:43

Temps de lecture : 2 min

M. Nesic, 46 ans, et six autres suspects arrêtés dans le même dossier, "sont soupçonnés (...) d'association de malfaiteurs, de blanchiment d'argent, d'abus de pouvoir et de réception de pots-de-vin", selon le communiqué du parquet national bosnien.

Avant d'être nommé ministre de la Sécurité, en janvier 2023, M. Nesic était directeur (2016-2020) de la société en question, "Putevi Republike Srpske", entreprise publique de l'entité serbe de Bosnie chargée de la construction et de la gestion des routes.

L'actuel directeur de l'entreprise, Milan Dakic, figure aussi parmi les personnes arrêtées, selon la même source. Les autres personnes arrêtées avaient des contrats avec l'entreprise.

Nesic contre-attaque

M. Nesic est président du parti politique l'Union démocratique populaire (DNS) et un proche collaborateur du président de la Republika Srpska (RS), Milorad Dodik.

M. Dodik a aussitôt dénoncé sur les réseaux sociaux "une affaire complètement inacceptable" du parquet dont l'objectif est, selon lui, "la chasse des cadres de la Republika Srpska afin de la déstabiliser".

Il est lui-même jugé depuis le début de l'année devant la Cour d'Etat de Bosnie, à Sarajevo, pour non-respect des décisions du haut-représentant international, chargé de veiller au respect des accords de paix de Dayton.

L'arrestation de M. Nesic intervient au moment de fortes tensions entre l'entité serbe et la justice centrale du pays en raison justement du procès de Milorad Dodik.

Chef politique des Serbes de Bosnie depuis près de vingt ans, M. Dodik est proche du Kremlin et il est sanctionné par les Etats-Unis pour ses activités séparatistes et des soupçons de corruption.

Processus de rapprochement avec l'UE

Le Parlement de la RS a adopté cette semaine, en session extraordinaire, une série de conclusions, appelant les représentants serbes dans les institutions centrales bosniennes à boycotter le processus de prise de décisions relatives au rapprochement de la Bosnie avec l'Union européenne (UE), en raison d'un "procès politique" contre M. Dodik.

L'initiative a été dénoncée par les Etats-Unis et l'UE, qui l'ont qualifiée de "menace sérieuse à l'ordre constitutionnel du pays".

Depuis la fin de la guerre (1992-1995), la Bosnie-Herzégovine est divisée en deux entités, une serbe et l'autre croato-bosniaque, unies par un gouvernent central aux pouvoirs réduits à neuf ministères, dont celui de la Sécurité.

M. Nesic, son frère et leur père sont propriétaires de plusieurs entreprises. Il a été critiqué par certains médias, avant d'être nommé ministre, pour ne pas avoir déclaré tous ses biens, notamment des biens immobiliers en Serbie.