Tempête. Il y a 25 ans, Lothar faisait des ravages dans les forêts
Il y a 25 ans exactement, la tempête «Lothar» faisait tomber les arbres comme des dominos dans le canton de Fribourg et ailleurs en Suisse. Selon le WSL, les forêts sont aujourd’hui mieux préparées à affronter un tel événement exceptionnel.
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ATS
26 décembre 2024 à 09:30, mis à jour à 09:48
L’ouragan «Lothar» balayait la Suisse le matin du 26 décembre 1999, jetant au sol 14 millions de mètres cubes de bois, rappelle mercredi l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) dans une rétrospective.
Au total, 14 personnes ont été tuées dans la catastrophe. Par la suite, 17 propriétaires fonciers et deux personnes travaillant dans des entreprises forestières publiques ont également perdu la vie lors des dangereux travaux de déblayage.
«Lothar nous a fait prendre conscience des dégâts que peuvent causer les événements extrêmes. Sur le Plateau, l’ampleur était sans précédent, on dirait aujourd’hui 'inconcevable'», souligne Thomas Wohlgemuth, du WSL.
Le prix du bois a chuté
Dans les années qui ont suivi, l'Office fédéral de l’environnement (OFEV) a chiffré le total des dégâts à 1,35 milliard de francs; 600 millions de francs pour les constructions et 750 millions de francs pour la forêt. Au total, 2% des arbres en Suisse ont été renversés ou pliés.
Les cantons de Berne, Fribourg, Lucerne et Nidwald ont été les plus touchés par l’ouragan, qui s’est déplacé du nord de la France vers l’Autriche en passant par le sud de l'Allemagne et la Suisse. Les pointes de vent ont atteint jusqu’à 272 km/h.
Le marché du bois a été fortement affecté par les événements. Le prix des grumes a par exemple chuté d’environ un tiers au printemps 2000 en raison de l’offre excédentaire.
Les scolytes ont proliféré
Dans les années qui ont suivi, notamment après la canicule de 2003, les pullulations de scolytes ont causé des dégâts supplémentaires équivalant à près des deux tiers de ceux provoqués par la tempête. Lorsque de violentes tempêtes s’abattent sur un grand massif forestier, il s'ensuit en effet presque toujours une prolifération de ces insectes dans les peuplements riches en épicéas pendant quelques années, explique le WSL.
Cela concerne d’abord la périphérie des surfaces de chablis (un ensemble d’arbres déracinés), puis le peuplement affaibli adjacent. Il est donc important, en particulier à basse altitude, d’évacuer le plus rapidement possible les épicéas endommagés.
L’épicéa n’est pas indigène sur le Plateau, rappelle le WSL. Il n’est pas seulement vulnérable aux tempêtes hivernales et aux scolytes, mais souffre également de la chaleur et de la sécheresse.
Des forêts plus robustes
Depuis lors, les épicéas sont devenus nettement plus rares sur le Plateau. La forêt suisse est donc aujourd’hui mieux armée qu’à l’époque pour affronter une «tempête du siècle».
Sur de nombreuses surfaces de chablis, plusieurs essences feuillues ont repoussé naturellement, parmi lesquelles des espèces considérées comme résistantes au changement climatique, comme le chêne, le merisier, l’érable sycomore et l’érable plane. On y trouve aujourd’hui des arbres de 10 à 20 mètres de haut.
Grâce à Lothar, de nombreuses forêts sont devenues plus structurées, avec de nouveaux habitats pour de nombreuses espèces animales et végétales. La diversité des insectes a notamment explosé. Cet effet positif sur la biodiversité a certes diminué progressivement lorsque les arbustes et les arbres ont envahi les surfaces de chablis, mais il a persisté 20 ans après la tempête.
Il faut toutefois s’attendre à ce que de grosses tempêtes se produisent à nouveau tôt ou tard. Des tempêtes plus fortes que Lothar semblent difficilement concevables en Europe, mais elles ne sont pas exclues, en raison du réchauffement climatique, prévient le WSL.