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Scènes

Huit compagnies en création

Nuithonie a levé le voile sur les nouvelles productions fribourgeoises de sa prochaine saison. Avant-goût

Julien Schmutz, Sarah Eltschinger, Joséphine de Weck, Amélie Chérubin Soulières, hier en conférence de presse, font partie des artistes fribourgeois invités en résidence durant la saison 2023-2024 à Nuithonie.

 Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

10 mai 2023 à 04:01

Arts vivants » Théâtre jeune public, inscription dans les grands défis sociaux actuels ou simplement désir de légèreté: les créateurs fribourgeois choisis cette saison pour développer leur spectacle à Nuithonie défendent une grande diversité de styles. Directeur de la fondation qui chapeaute cette programmation maison, Thierry Loup a levé le voile hier sur les huit propositions fribourgeoises de la saison 2023-2024 à voir sur les deux scènes de Villars-sur-Glâne. Des compagnies dites émergentes continuent à prendre leur place aux côtés des confirmées, mais entrent moins en force que la saison dernière, qui comptait onze créations.

Les trois pièces de l’automne seront toutes les œuvres de compagnies qui affirment une esthétique forte dans le paysage théâtral fribourgeois.

L’Efrangeté de Sylviane Tille s’adressera aux enfants dès 10 ans (correspondant aux 7-8H) dans Paule et Luce. Très attentive à son public (ces dernières années Amélie Mélo était destiné aux 3-6H, L’Œuf aux 1-2H), la metteuse en scène adapte le «roman choral» A quoi rêvent les étoiles de l’autrice bretonne Manon Fargetton. Elle raconte «le chemin de résilience» de deux personnages isolés, Luce, 82 ans, qui croise par les aléas du téléphone portable une adolescente, Paule, enfermée dans sa chambre parce qu’elle refuse d’affronter le monde trop dur, lâche et contradictoire des adultes.

Un texte engagé

Opus 89 offrira le plateau à sept interprètes, trois danseuses et trois comédiennes. Joséphine de Weck les mettra en scène dans son propre texte, La Voie de l’impératrice, qui «parle du vertige ressenti avant de prendre une décision importante», explique l’autrice en conférence de presse.

Et le Magnifique Théâtre de Julien Schmutz jouera Fairfly, un moucheron pas si anodin signé d’un jeune auteur catalan, Joan Yago Garcia. Le metteur en scène promet de créer un dispositif de proximité, probablement en cercle et sans technologie, où le public sera intégré à la réflexion de l’auteur par exemple sur notre alimentation, dont le marché est dominé par les géants de l’agroalimentaire. Il sera question «de changer le monde en bousculant nos habitudes et nos préjugés», annonce Julien Schmutz, mais aussi de faim, de réchauffement climatique. «C’est un texte formidablement engagé et drôle», une manière d’activisme par le biais de l’art, de questionnement par la fiction.

Sur un air de yéyé

En 2024, c’est la metteuse en scène Sarah Eltschinger qui, après Ramuz, ouvrira les feux avec l’adaptation d’un texte d’un auteur ukrainien, Maxim Kourotchine. Le Carpatie fait référence à ce navire qui a fait demi-tour pour sauver les naufragés du Titanic. Mais l’histoire qui s’y joue télescope les temporalités et fait référence à des événements qui se sont passés après 1918, quand le paquebot lui-même a sombré. Une occasion pour Sarah Eltschinger de mettre en jeu le présent théâtral autour de la «nouvelle société» qui se constitue à bord du navire, avec toutes ses tensions humaines.

Michel Lavoie a confié à l’auteur Francis Monty, Québécois comme lui, une commande d’écriture pour créer un Cabaret mythologique adressé aux adolescents à partir de 12 ans. Comme l’Efrangeté, sa compagnie, le Théâtre Boréale, est orientée vers le jeune public. Le metteur en scène cherche une forme pour s’adresser plus directement à ce public: elle sera probablement «éclatée», c’est-à-dire en sketchs, avec musique en live.

Puis Julien Pochon, de la compagnie Leszeritiers, pour la première fois en résidence en Nuithonie, tiendra une «presque conférence» en solo, Homo Barbecus, pour faire l’archéologie scientifico-absurde de notre consommation de viande. Fabienne Barras et Jonas Marmy, de la compagnie des Citrons Sonnés, ont fait hier la démonstration de leur goût pour la chanson yéyé, répertoire nostalgique rempli de tubes qu’ils feront revivre aux claviers, à la guitare, à la basse et à la batterie dans le spectacle musical Sur un air de yéyé. La proposition développée dans le cadre du Midi Théâtre sera l’œuvre de Laetitia Barras et de sa compagnie de l’Inutile: elle entend retracer le parcours historique d’Helvetia, figure allégorique du pays présente depuis quelque 150 ans sur nos pièces de 2 francs, en mêlant réel et imaginaire, grande Histoire et petites histoires.

Iraniennes exilées

Sept fidélités s’ajoutent à cet inventaire prometteur. Thierry Loup coproduit également les nouvelles pièces d’artistes romands qu’il a déjà eu l’occasion d’entendre et d’apprécier ces dernières saisons. A commencer par le pianiste jazz Thierry Lang, accueilli à Equilibre en septembre. En danse, Jasmine Morand reviendra à Nuithonie pour une version «kids» de MIRE avec huit interprètes, Edouard Hue tournera Dive avec, en première partie, la toute première création plateau de Jeanne Garcia. Tandis que la metteuse en scène Leili Yahr croisera le genre du théâtre documentaire avec la tragédie d’Eschyle, Les Perses, qui fait entendre «la voix des vaincus». La proposition donnera la parole à des Iraniennes exilées en Suisse.

Sans oublier les deux productions françaises que sont Zazie dans le métro dans une mise en scène de Zabou Breitmann et la reprise de 20 000 lieues sous les mers signée Valérie Lesort et Christian Hecq.

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