Belluard » La scène est ici le lieu d’un enjeu linguistique et politique. Salim Djaferi y occupe une place d’homme et d’artiste, cherchant une vérité qui lui joue par moments des tours. L’homme d’abord, Belge, 38 ans, né en France au sein d’une famille algérienne qu’il va interroger dans l’idée d’élargir ses connaissances sur l’occupation de l’Algérie et la guerre d’indépendance. La question qui le poursuit, il la posera à sa mère et à sa tante d’abord, puis à des connaissances: comment dit-on colonisation en arabe? La réponse, toujours la même, arrive aussi drôle qu’absurde: «Koulounisation.» De ce mot français, déformé par l’accent algérien, l’artiste qu’il est crée en 2021 un spectacle sous forme d’enquête-conférence (dont nous avons vu une captation), accueilli au Festival du Belluard le 24 juin.
S’y joue une guerre du langage menée entre rire et effroi. Sur le front de la sémantique plusieurs camps s’opposent: le mot «colonisation» existe bel et bien en arabe, mais ses ramifications étant nombreuses, comment le traduire? Pas de cacophonie, non, juste une multiplication de points de vue, car chaque camp, chaque pays a sa propre expérience de la colonisation. Entretien.