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Scènes

Théâtre. Des pirates à bord du Carpatie

La metteuse en scène fribourgeoise Sarah Eltschinger monte à Nuithonie la pièce d’un auteur ukrainien, qui convoque le navire connu pour avoir porté secours aux naufragés du Titanic.

La distribution réunit Chady Abu-Nijmeh, Philippe Annoni, Délia Krayenbühl, Yann Philipona et Elsa Thebault. © Antoine Girard

Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

17 janvier 2024 à 13:10

Temps de lecture : 1 min

Nuithonie » Le Carpatie, c’est le navire qui a porté secours aux naufragés du Titanic. «Il a répondu aux S.O.S., a fait demi-tour, a trouvé le moyen d’aller plus vite pour sauver des vies, il est connu pour ça», raconte Sarah Eltschinger. La metteuse en scène fribourgeoise défendra à partir de mardi prochain à Nuithonie une pièce qui porte précisément le nom de ce navire. «Le capitaine et son équipage ont été glorifiés, ont reçu des médailles. Puis le navire a été réattribué et torpillé en 1918. Il gît toujours au fond de l’eau aujourd’hui», contextualise Sarah Eltschinger.

Mais ce n’est pas exactement un récit historique qu’elle portera jusqu’au 28 janvier. Le Carpatie est adapté de La dernière volonté du capitaine du Carpatie du dramaturge ukrainien Maxim Kourotchkine: la pièce promet de déborder joyeusement de la réalité… Comme Présence de la mort de Ramuz, précédent spectacle de Sarah Eltschinger, encore en tournée, elle ouvre une fenêtre sur l’imaginaire.

Comment avez-vous découvert ce texte?

Sarah Eltschinger: A ma connaissance, c’est la seule pièce de Kourotchkine traduite en français. Nous proposerons la première mise en scène professionnelle en francophonie. On m’a offert le livre paru chez un petit éditeur, Les Solitaires intempestifs, il y a longtemps, bien avant la guerre en Ukraine.

Que raconte Le Carpatie?

Kourotchkine a imaginé un équipage qui fait référence en sous-texte au Carpatie. Il joue avec le mythe du Titanic qui a fait couler beaucoup d’encre. Il écrit cette pièce en 1996, un an avant la sortie du film de James Cameron. Il s’empare du mythe plutôt que de l’histoire. Il se demande qui est cet équipage, quelle est sa destination, qu’est-ce qu’il recherche?

L’année 1996 fait aussi suite à la chute de l’URSS…

L’arrivée de l’économie de marché et les restructurations donnent un sentiment de liberté. Les individus y croient, en profitent, pour certains cette liberté représente un espoir. Mais Kourotchkine questionne la manière dont une idéologie en remplace une autre. Ses personnages ont plus ou moins conscience que ça n’ira pas beaucoup mieux dans ce système. Mais Le Carpatie n’est pas une pièce politique sur le changement de régime en URSS-Russie, elle parle plutôt du remplacement d’un système par un autre. C’est d’ailleurs cette dimension qui est toujours actuelle et qui me touche, parce que nous questionnons aujourd’hui nos systèmes dominants. Nous savons que notre modèle économique n’est pas viable pour le climat, mais nous croyons à ce que nous sommes maintenant. L’enjeu est là: c’est difficile de créer de nouveaux modèles de pensée.

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