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Écrans

Cinéma. Un film d'animation sur l'immigration

Un film d’animation raconte le destin des Italiens qui ont tout quitté pour venir en France

La famille Ughetto. Au centre, les grands-parents du réalisateur, Luigi et Cesira. © Outside The Box

Mathieu Loewer, Le Courrier

Mathieu Loewer, Le Courrier

26 septembre 2023 à 15:55

Temps de lecture : 1 min

Interdit aux chiens… » Dix ans après Jasmine, Alain Ughetto revient à l’animation avec Interdit aux chiens et aux Italiens. Le cinéaste français évoque ce film très personnel, où il renoue, à 70 ans passés, avec ses racines transalpines. Son histoire, c‘est celle de centaines de milliers d‘Italiens qui ont quitté leur pays pour s‘établir en France, en Suisse, en Belgique et partout ailleurs. Interview.

Interdit aux chiens et aux Italiens est le fruit d’une véritable enquête familiale pour reconstituer le parcours de vos grands-parents.

Alain Ughetto: J’avais très peu d’informations au départ. Quand elle est arrivée en France, ma grand-mère voulait être plus française que les Français. Mon père est allé à l’école française et parlait français. Je ne m’étais jamais interrogé sur mes origines italiennes. En m’y intéressant, je me suis rendu compte que tout un héritage avait été gommé. J’ai demandé à mes frères et sœurs, cousins et cousines, oncles et tantes de me dire quels souvenirs ils et elles avaient de Luigi et Cesira. Au cours de mon enquête, je suis tombé sur une photo de classe de quand j’avais 10-12 ans. Il y avait des Giuliano, des Pittavino, etc. Les deux tiers des gamins étaient italiens! J’ai compris que cette histoire était aussi la leur. Et celle de tous les migrants… J’ai commencé à la raconter en disant «je» et je suis très vite passé au «nous».

Pourquoi aborder ce sujet dans un film d’animation?

Enfant, j’étais fasciné par mon père qui façonnait des oiseaux et des papillons avec la croûte du Baby­­bel. C’était un grand bricoleur qui a construit sa maison. Lors de mes recherches sur mon grand-­­père, j’ai découvert qu’il fabriquait ses propres outils. Il avait un savoir manuel et l’a transmis à mon père. J’ai hérité à mon tour de cette envie de parler avec les doigts. J’aimais bien l’idée de convoquer des centaines de petites mains pour m’aider à réaliser ce film – des mains venues de partout: France, Belgique, Suisse, Por­tu­gal… Nous avons réuni une petite Europe pour raconter le destin de deux migrants. L’animation permet aussi de la distance et de la poésie.

Avez-vous décidé d’emblée que vous deviez apparaître dans le film, comme narrateur en voix off et à l’image avec vos mains?

Oui, c’était prévu depuis le début. Je voulais être présent en tant que petit-fils qui raconte l’histoire de ses grands-parents. C’est grâce à eux que je suis là. Et la main était très importante pour moi, même si cela posait des problèmes techniques. Sans elle, il n’y a pas de film!

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