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Culture

Démystifier la psychiatrie

Marianna Gawrysiak raconte ses 20 années à la tête de la galerie du Vide-poches


 Maxime Papaux

Maxime Papaux

18 mars 2021 à 02:01

Marsens » Unique galerie de Suisse installée dans un complexe hospitalier, le Vide-poches a accueilli 94 expositions et quelque 300 artistes en deux décennies d’existence. Lieu de culture reconnu, le pavillon a été un important pont entre le RFSM (Réseau fribourgeois de santé mentale) et le public extérieur ainsi qu’un précieux espace de projection hors de la maladie pour les patients. Sa galeriste de toujours, la gérontopsychologue-psychothérapeute Marianna Gawrysiak, nous livre une rétrospective de cette aventure à l’occasion de son départ.

Le Vide-poches a ouvert ses portes en l’an 2000, à l’occasion du 125e anniversaire de l’Hôpital psychiatrique cantonal de Marsens. La galerie a investi l’ancien pavillon de réhabilitation érigé en 1973 pour accueillir provisoirement les patients en long séjour; depuis la construction de nouveaux bâtiments de l’hôpital, en 1986, il ne servait plus que de lieu de dégagement.

Le projet d’un espace d’art accueillant des expositions régulières fut alors avancé par l’ancien directeur administratif des lieux, Armand Guggiari. Encore fallait-il que quelqu’un s’occupe de la gestion et programmation: «J’ai immédiatement sauté sur l’opportunité, car j’ai trouvé magnifique l’idée d’avoir une véritable galerie à part entière sur le site d’un hôpital psychiatrique», se remémore Marianna Gawrysiak.

Après une première exposition mêlant créations de patients et œuvres retrouvées dans les réserves de l’hôpital (14 octobre 2000), la galerie fut officiellement inaugurée le 2 décembre 2000 avec l’accrochage collectif Raisonnances; l’exposition de 13 artistes fribourgeois a permis à la nouvelle galerie de se faire connaître des alentours. Durant vingt ans, l’espace aux cinq expositions annuelles a ainsi reposé sur l’engagement passionné et essentiellement bénévole de Marianna Gawrysiak. Le Vide-poches a collaboré notamment avec la Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg, le Musée de l’Elysée à Lausanne et l’atelier CREAHM. Il a accueilli nombre d’artistes reconnus d’ici et d’ailleurs: André Sugnaux, Noël Aeby, Viviane Fontaine, Claude Genoud, Mix & Remix ou encore le Britannique Patrick Woodroffe ont investi les cimaises de la galerie.

Centre de vaccination

Ancrée dans le sud du canton et située dans un lieu de soins, la galerie a pris en compte les particularités de ses visiteurs: la programmation éclectique a valorisé les artistes connus de la région et mis régulièrement en avant la thématique psychiatrique, tout en évitant les sujets morbides. «Ici, le public aime la belle peinture classique, les paysagistes, les peintres animaliers, la grande photographie et le côté poétique», explique la galeriste. De même, cet espace de culture humanise l’hôpital et offre aux patients ainsi qu’à leur famille l’occasion de sortir de la question de la maladie: «Ils sont toujours focalisés sur leur souffrance et leur traitement. En revanche, quand ils viennent découvrir l’exposition, c’est un autre monde. En venant au Vide-poches on parle d’autre chose. C’est un environnement stimulant et évocateur qui les remet dans la normalité», raconte Marianna Gawrysiak.

Actuellement, le pavillon du Vide-poches a été reconverti en centre de vaccination. Des réflexions sont en cours quant à l’élaboration d’un nouveau projet: «L’idée est que cet espace continue à jouer les interfaces entre le public, le personnel du RFSM et les patients, sous une forme encore à inventer», informe Battiste Cesa, responsable du Service médias et communication. Quant à Marianna Gawrysiak, c’est avec un sentiment d’accomplissement et de défi relevé qu’elle referme un chapitre mémorable de la culture fribourgeoise.

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