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Arts visuels

Dessin de presse. «Les insultes sont de plus en plus autorisées», selon Chappatte

Le dessinateur, en tournée dans les théâtres suisses depuis le début de l’année, s’arrête au Crochetan à Monthey. Pour lui, «on évolue dans un monde où les insultes sont de plus en plus autorisées», dit-il dans une interview au Nouvelliste jeudi.

Le dessinateur de presse Patrick Chappatte au théâtre Boulimie à Lausanne en janvier dernier.KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD

ATS

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Aujourd’hui à 08:00, mis à jour à 09:47

Temps de lecture : 2 min

Pour celui, dont on voit les dessins dans le Temps, la NZZ am Sonntag, Der Spiegel en Allemagne ou encore le Boston Globe aux Etats-Unis, le style du prochain président américain n’y est pas étranger. «L’effet Trump est en train de libérer la parole de beaucoup de gens, y compris dans cette Suisse du compromis et du dialogue. Il y a vraiment une nouvelle culture politique du clash amenée par le trumpisme et qu’attisent encore les réseaux sociaux», explique Chappatte dans le quotidien valaisan.

Dans une interview récente, il a dit que «l’humour, c’est un frottement qu’il faut tolérer». «Disons que ça frotte de plus en plus. (…) Je n’exclus pas qu’à un moment donné, l’ambiance devienne presque invivable. Mais je pense qu’on doit vraiment résister collectivement, ne pas laisser la parole à une minorité très toxique qui dispose aujourd’hui d’un immense porte-voix. Et qui se sent pousser des ailes.»

«On marche sur un fil»

Face à ce tableau assez sombre, l’humour permet de ne pas tomber dans l’amertume. «C’est ce qui continue de nous aider collectivement, et moi, égoïstement, de m’aider à digérer. C’est l’art du funambule. On marche sur un fil en essayant de ne tomber ni dans le mauvais goût ni dans l’outrance excessive.»

Comme dessinateur, il fait des choix. «J’ai eu un doute à la suite de la parution du dessin de la statue de la Liberté qui se pend au bout d’une cravate rouge en une du Temps le 9 novembre. L’image est forte, très sombre. Je me suis demandé si j’avais été excessif dans mon dégoût et dans ma colère du résultat des urnes américaines. Quand on est trop fâché, on n’est pas subtil. C’est quand même pas mal de réussir à rester léger.»

Pour lui, «le dessin de presse, c’est la remise en question quotidienne. Il n’y a pas de bons dessinateurs, il n’y a que de bons dessins. On ne vous rate pas sur un dessin qui passe mal, et on vous jugera toujours sur celui du lendemain. Le public est sans pitié. C’est stressant mais très galvanisant.»