La salle de bal fait encore danser
La salle de bal de la Grande Société a ouvert au public ce week-end lors des Journées du patrimoine
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Eléa Jacquot
11 septembre 2022 à 19:34
Patrimoine » Il est aisé, pour le passant non averti, de se promener dans les rues du quartier du Bourg, à Fribourg, sans prêter attention à son histoire. Pourtant, les façades de ces maisons vieilles de plusieurs siècles pour certaines cachent parfois quelques trésors, à l’image de la salle de bal de la Grande Société, sise Grand-Rue 68. La pièce, aménagée en 1851, a pu dévoiler sa piste de danse au grand public ce week-end, à l’occasion de la 29e édition des Journées européennes du patrimoine dont la thématique était le «temps libre» (lire ci-dessous).
Le bâtiment qui l’abrite vaut à lui seul le détour. Construit vers 1734-1735 pour la famille de Castella de Berlens, cet ancien hôtel particulier est constitué de trois maisons médiévales réunies, qu’il est encore possible de distinguer dans son architecture. Racheté en 1821 par le Cercle de la Grande Société, qui réunit des nobles fribourgeois issus de familles patriciennes, le lieu est progressivement transformé en casino. Salons de jeu et de lecture, salle de billard et, dès le milieu du 19e siècle, salle de bal permettent aux membres de la Grande Société de se rencontrer.
Surveillance en hauteur
A l’époque, les occasions de danser étaient rares. «La pratique était mal perçue, et l’Église cherchait à la réglementer. On ne pouvait danser qu’en certaines circonstances, comme à la Bénichon, lors de noces ou à la fête patronale», explique Laurence Cesa, collaboratrice scientifique du Service des biens culturels, chargée de la visite. Cette rigueur s’assouplit pourtant, notamment dans le sillage de la mode des bals organisés aux bains. A Fribourg, deux salles dédiées à la danse sont inaugurées au milieu du 19e siècle. Celle des Trois-Tours à Bourguillon, en 1840, précède ainsi de quelques années celle de la Grande Société.
Si le décor de la première n’a pas été conservé, c’est le cas pour la seconde. Imaginée par l’intendant des bâtiments de l’Etat Johann-Jakob Weibel en mai 1850, cette salle à galerie est inspirée d’un modèle parisien inventé à l’occasion des noces du futur Louis XVI en 1770. La pièce, rectangulaire, n’impressionne pas par sa taille. En revanche, l’architecte a su utiliser ses moindres recoins pour la sublimer. En son centre, le parquet est orné d’une rosette d’origine, éclairée tant par le lustre qui la surplombe que par la lumière naturelle qui émane des trois fenêtres de la pièce.
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