Fribourg joue la carte durable
Le Grand Conseil met plus de moyens dans la stratégie de développement durable
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Magalie Goumaz
10 février 2021 à 02:01
Stratégie » Le canton de Fribourg a sa stratégie de développement durable pour les prochaines années. Hier, le Grand Conseil a accepté le projet soumis par le Conseil d’Etat. Mieux, par 54 voix contre 41 et 3 abstentions, il a fait passer de 9,6 millions à 13,9 millions le montant prévu pour la mise en œuvre jusqu’en 2026 d’un vaste programme.
Trente et une cibles ont été définies. Elles vont de la consommation et production durable à la gestion des eaux en passant par la lutte contre la précarité. Pour les atteindre, un catalogue de près de 150 mesures concrètes sera progressivement introduit. Pas de grands projets spectaculaires «mais une somme de petites choses» qui peuvent faire la différence, a lancé le conseiller d’Etat Jean-François Steiert, et permettre à Fribourg de se mettre à l’heure de l’Agenda 2030 de l’ONU.
Du vent dans les voiles
Sur le fond, la cause est entendue. Personne n’est contre le développement durable. Mais le PDC, le PS et les Verts ont tour à tour estimé qu’il fallait mettre davantage de vent dans les voiles. André Schönenweid (pdc, Fribourg) a par exemple fait remarquer que le soutien à l’agriculture était trop timide, tandis qu’aucun montant n’était alloué à certains postes, comme la promotion du tourisme durable ou l’intégration de l’innovation durable dans la promotion économique. Et il a calculé: telle que présentée, la stratégie aurait coûté 4,80 francs par habitant et par année jusqu’en 2026. «Trop peu, estime-t-il. Nous proposons de passer à 7 francs par habitant et par année. C’est raisonnable.» Au nom du Parti socialiste, Muriel Besson Gumy (Belfaux) a annoncé que son groupe soutiendrait toute proposition visant à augmenter les montants. «C’est un appel au Conseil d’Etat pour qu’il se donne les moyens de ses ambitions», déclare-t-elle.
13,9
millions de francs, le montant alloué à la stratégie de développement durable
L’écologiste Paola Ghielmini Krayenbühl (Corpataux) a cependant mis le doigt sur la faille. En 2011, une première stratégie de développement durable a été définie et financée par un crédit d’engagement de 7,7 millions jusqu’en 2020. «Le tiers des mesures de cette précédente stratégie n’a pas été réalisé. Tout l’argent n’a pas été dépensé», fait-elle remarquer. D’où l’importance, pour la députée, d’engager des collaborateurs chargés de veiller à la concrétisation de la nouvelle stratégie. Un amendement de Susanne Aebischer (Courgevaux) allant dans ce sens a d’ailleurs été accepté. Et la démocrate-chrétienne d’expliquer que le projet soumis demande des efforts considérables de coordination entre les différents services de l’Etat. «Le Conseil d’Etat doit réfléchir à son organisation et surtout à la transversalité de son action», a-t-elle plaidé.
Le PLR et l’UDC sont cependant restés de marbre face aux élans de la gauche et du PDC et ont soutenu la version initiale du projet. Pour Jean-Daniel Chardonnens (udc, Fétigny), le montant soumis par le Conseil d’Etat «ne tient pas du hasard». Le PLR Jean-Daniel Schumacher (Fribourg) a aussi fait remarquer que l’argent n’était pas destiné directement à des projets. «C’est de l’énergie d’activation, pour faire démarrer des projets. Or, si j’augmente les moyens pour réaliser des études, il y en a moins pour l’action et la réalisation», a-t-il lancé.
Intéressante, la position du conseiller d’Etat socialiste Jean-François Steiert. Alors qu’il a fait du développement durable un des axes forts de sa présidence du Gouvernement fribourgeois cette année, le ministre a dû défendre la position initiale du Conseil d’Etat. «Je salue le soutien sympathique de ceux qui estiment que ça ne suffit pas, mais il faut partir du principe que le montant correspond à notre catalogue», a-t-il déclaré en vain.
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