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Canton

«A l’aube d’une catastrophe sanitaire»

Médecin interniste à l’Hôpital fribourgeois, Nicolas Blondel a lancé ce lundi soir un cri d’alarme numérique

Une infirmiere marche devant l'entree de la zone Covid des Urgences de l'Hopital du Jura lors de la crise du Coronavirus (Covid-19) le vendredi 23 octobre 2020 a Delemont. Les cantons romands annoncent de nouvelles mesures plus strictes pour endiguer la propagation du coronavirus. Dans le Jura, les bars et restaurants devront fermer a 22h00. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)JEAN-CHRISTOPHE BOTT / keystone-sda.ch

Serge Gumy

Serge Gumy

2 novembre 2020 à 23:54

Nos journalistes sont mobilisés pour vous offrir une couverture de qualité et de service public sur l’épidémie de coronavirus. En raison de la situation sanitaire particulière et du fort intérêt pour cette thématique, «La Liberté» a décidé de vous offrir l’accès à cet article. Bonne lecture et merci de votre confiance.

Covid-19 » «Ici, à l’Hôpital fribourgeois, la situation est extrêmement grave. Nous avons déjà plus de 185 patients hospitalisés  avec une infection au Covid-19. Tout à l’heure, devant les urgences, les ambulances arrivaient à une cadence au quart d’heure. Et si cela continue comme ça, nous n’aurons plus de place probablement mardi, mercredi ou jeudi.»

 

C’est un cri d’alarme qui a retenti ce lundi soir sur les réseaux sociaux. Dans une vidéo qu’il explique avoir envoyée à des connaissances et qui s’est retrouvée diffusée de manière virale sur la Toile, le Dr Nicolas Blondel, spécialiste en médecine interne générale à l’HFR, exprime ses craintes que Fribourg ne vive ces prochains jours les drames qu’a connus la Lombardie ce printemps lors de la première vague du Covid-19. «Nous nous trouvons à l’aube d’une catastrophe sanitaire. Je crois que dans la population, on n’est pas conscient de la gravité de la situation.»

Pas que des patients âgés

A écouter l’interniste, si la moyenne des personnes hospitalisées tourne autour de 70 ans, elles ne sont de loin pas toutes âgées. «On a des patients beaucoup plus jeunes, certains ont même moins de 40 ans. Ce sont des patients qui ne vont pas bien et dont certains ne pourront pas être soignés comme on le voudrait.» En outre, des malades fribourgeois ont dû être transférés ces derniers jours par hélicoptère vers des établissements d’autres cantons.

La bénichon en cause

«On est en train d’arriver à une catastrophe sanitaire», insiste le Dr Blondel. «La Suisse, qui est un des pays les plus développés d’Europe occidentale, a failli à ses obligations.» Fribourg fait partie des cantons les plus touchés par la pandémie. «Le taux d’infection est tel qu’un test sur deux que nous effectuons s’avère positif. C’est un des taux de contamination les plus élevés d’Europe occidentale.»

«Aidez-nous. Sans cela, on ne va pas y arriver»
Nicolas Blondel

Comment expliquer pareille diffusion du virus? Le médecin avance une hypothèse: «Les patients que nous avons hospitalisés, ce sont essentiellement des Fribourgeois qui ont fêté la bénichon ou le recrotzon. On compte pour l’instant très peu d’étrangers.»
Sur la base de ce constat, Nicolas Blondel lance un appel vibrant aux Fribourgeois: «Ne faites pas de fêtes de famille ou de fêtes privées ces prochaines semaines.» Outre le port du masque dans les endroits fermés et les lieux ouverts fréquentés, le respect de la distance physique et le lavage régulier des mains, il enjoint à la population de renoncer aux activités de loisirs susceptibles d’entraîner des blessures, afin de ne pas charger davantage le système hospitalier. «Nous avons eu trois patients polytraumatisés ce week-end. Je me demande ce que nous ferons du prochain cas. Nous avons des problèmes pour assurer la qualité des soins parce que le système hospitalier est en train d’être complètement saturé.»

Le médecin interniste appelle enfin les médias (c’est fait), les citoyens et les autorités politiques à réagir – le Conseil d’Etat pourrait d’ailleurs durcir ce mardi les restrictions en vigueur lors de sa séance ordinaire. «On va se battre», promet le spécialiste de l’HFR. «Mais aidez-nous. Sans cela, on ne va pas y arriver.»

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