La plus sauvage des expositions
Avec L’impossible sauvage, le MEN propose à ses visiteurs une réflexion ludique et spectaculaire
Jean-Philippe Bernard
Temps de lecture estimé : 5 minutes
Neuchâtel » Existe-t-il en ce bas monde un mot plus pratique que celui sauvage? Un terme indispensable que l’on ressasse à longueur de journée dans l’espoir de cataloguer en moins de deux secondes tout ce qui détonne dans nos univers domestiqués. Un rocker qui se roule par terre sous une pluie de décibels? Sauvage. Un chat qui défend son territoire en feulant? Sauvage. Une horde de motards lancés plein pot sur une route de campagne ou sur une avenue? Sauvage! Un cerf, immobile, silencieux, dans un champ à l’heure du crépuscule? Sauvage. Le capitalisme? Sauvage. Des supporters mécontents qui balancent des canettes de bière sur l’arbitre? Sauvages, cela va sans dire! Le terme est élastique, pratique pour désigner le bien ou le mal, selon l’humeur et les circonstances du moment. Mais d’où vient cette notion du «bon» ou du «mauvais» sauvage? De Jean-Jacques Rousseau?
Un fantasmeYann Laville, codirecteur du MEN (Musée d’ethnographie de Neuchâtel), met à mal cette idée reçue: «Le