Henry Bernet. «Les comparaisons sont une motivation»
Premier Suisse sacré chez les juniors à l’Open d’Australie, Henry Bernet s’est confié aux médias dès son retour en Suisse, mercredi à Bienne.
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ATS
Aujourd’hui à 05:00, mis à jour à 09:19
«Les comparaisons avec Roger (Federer) sont avant tout une motivation», lâche-t-il quasiment d’emblée.
«Tout le monde en Suisse a envie de voir le prochain Roger ou le prochain Stan Wawrinka à l’œuvre», souligne-t-il. «Il était évident que les comparaisons existeraient avec Roger: même ville, même club, même voix, même revers à une main», sourit-il.
«Mais je me concentre sur moi-même, en essayant de ne pas trop y penser», enchaîne Henry Bernet, bien conscient que ce sacre australien n’est rien de plus qu’une étape. Aurait-il d’ailleurs préféré ne pas être Bâlois? «Non! C’est ma ville», se marre ce fan du FC Bâle.
Le jeune homme a le verbe sûr, et la tête bien sur les épaules. Il a évidemment célébré «un peu» ce titre, «en combinant cela avec mon anniversaire», lui qui a fêté ses 18 ans dimanche soit le jour de sa finale victorieuse à Melbourne. «J’ai aussi eu droit à un apéro au TC Old Boys», souligne-t-il.
Il a aussi reçu de nombreux messages des joueurs et joueuses, suisses avant tout. «Stan (Wawrinka), Ben Shelton, Dominic (Stricker), Belinda (Bencic), Viktorija (Golubic) ou Marc-Andrea (Hüsler) m’ont écrit pour me féliciter», précise le Bâlois, qui a aussi eu droit à un long mail de félicitations de la famille Federer.
«Aller de l’avant»
La fatigue est encore bien présente, mais la tension est visiblement retombée d’un cran. Pas question de s’enflammer: «Je me réjouis de reprendre l’entraînement, d’aller de l’avant. J’ai un bloc d’entraînement prévu maintenant, puis je disputerai le Challenger de Lugano» du 24 février au 2 mars.
Henry Bernet a hâte d’en découdre chez les pros, même s'il devrait encore disputer 1-2 tournois chez les juniors. S’imagine-t-il disputer par exemple le Geneva Open, tournoi ATP 250 prévu du 17 au 24 mai soit juste avant Roland-Garros? «Je jouerais très volontiers à Genève! Mais j’aurai besoin d’une invitation, et il y a d’autres joueurs suisses dans ce cas», explique-t-il.
Bernet se dit prêt à faire le grand saut parmi les professionnels. Son entourage sait en tout cas à quoi s’attendre. «Quand j’entraînais Dominic Stricker, il avait trouvé la bonne formule pour expliquer la différence entre le circuit junior et les Challengers: chez les juniors on te fait des cadeaux, mais en Challenger jamais», souligne son nouveau coach Sven Swinnen.
«Chez les juniors, il y a 2-3 ans maximum d’écart entre les différents joueurs. Dans les Challengers, il peut y avoir jusqu’à 20 ans d’écart. La concurrence y est infiniment plus féroce», rappelle quant à lui Alessandro Greco, chef du sport d’élite à Swiss Tennis. «Et les joueurs y jouent parfois leur survie», ajoute Sven Swinnen, nouvel entraîneur principal de Bernet.
Swinnen prend le relais de Kai Stentenbach, un technicien allemand qui s’occupait de Bernet depuis l’arrivée de ce dernier à Bienne dans le giron de Swiss Tennis il y a deux ans et demi environ. Un passage de témoin naturel dû à l’âge du Bâlois, qui s’est fait tout en douceur: «J’ai déjà eu l’occasion de suivre Henry l’an dernier sur quelques tournois», glisse Swinnen.
L’Argovien sait bien que le plus dur reste à faire, même si ce sacre australien est prometteur. «Bien sûr, c’est déjà génial d’avoir gagné un Grand Chelem chez les juniors. C’est une motivation et une inspiration, et ça permet aussi d’attirer sponsors et médias. Mais le travail continue. Il faut garder les pieds sur terre et avoir une vision sur le long terme», glisse Swinnen.
Henry Bernet connaît ses points forts comme ses faiblesses, son entourage évidemment aussi. Pas question de pratiquer la langue de bois à ce sujet. «Premièrement, il doit travailler son retour de service, même si on a déjà bien bossé, notamment en slice côté revers. Le retour est plus difficile à maîtriser quand on le joue à une main», rappelle Kai Stentenbach.
«Deuxièmement il doit apprendre à aller plus souvent de l’avant», poursuit le technicien allemand, par ailleurs pas du tout frustré de voir Henry Bernet changer de coach principal. «Mon job est de les préparer à être compétitifs en Grand Chelem chez les juniors. J’ai fait ma part du travail», se réjouit-il.
«Les compteurs sont remis à zéro»
La patience est donc de mise autour du nouveau joyau du tennis helvétique. D’autant plus qu’il «est un joueur complet. C’est donc plus long pour mettre toutes les pièces du puzzle en place», rappelle Kai Stentenbach, ajoutant que l’un des principaux domaines dans lesquels Henry Bernet doit progresser est son physique. «Il doit prendre du coffre physiquement», estime Stentenbach.
Henry Bernet en est d’ailleurs parfaitement conscient. «Je dois progresser sur le plan physique», juge le Bâlois, pour qui la présence dans son entourage d’un entraîneur de condition physique est d’ailleurs un must. Il en a pris pleinement conscience pendant l’Open d’Australie, où il a pu observer de près les meilleurs joueurs du monde dans les vestiaires.
«J’ai pu constater que j’avais une sacrée marge de progression sur le plan physique», concède-t-il. «Celui qui m’a impressionné le plus, c’est Jannik Sinner. Avant, je me disais qu’il était mince. Mais il possède une musculature impressionnante», souligne Bernet, qui n’a donc pas qu’un certain RF comme modèle.
D’ailleurs, s'il est désormais lié à l’équipementier suisse (On) dont Roger Federer est l’un des actionnaires, Henry Bernet suit aussi d’une certaine manière les traces de Stan Wawrinka. Il bénéficie ainsi du soutien du même agent que le Vaudois, à savoir Lawrence Frankopan de l’agence StarWing Sports.
«Avec mes parents, on a remarqué l’an dernier qu’on n’arrivait plus à gérer les différentes demandes des médias ou des sponsors», explique Henry Bernet, qui bénéficie donc de conditions optimales pour faire le grand saut chez les professionnels. «Mais je sais que les compteurs sont remis à zéro lorsqu’on devient professionnel», rappelle-t-il.