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Communication. Apprendre la langue des signes française

Lisa Frioud et Mina Forney ont débuté l’apprentissage de la langue des signes française afin de pouvoir l’utiliser dans le monde professionnel. Elles en sortent enrichies.

Un lexique avec du vocabulaire de différentes langues des signes se trouve sur le site de la Fédération suisse des sourds. © Miriam Gfeller

Miriam Gfeller

Miriam Gfeller

28 janvier 2024 à 02:05

Temps de lecture : 1 min

«La langue des signes a été interdite en Europe jusqu’aux années 1930. Sourd de naissance, j’ai été forcé à oraliser en classe jusqu’en 1975», raconte Bernard Morel, éducateur spécialisé de la section Surdité de l’Institut Saint-Joseph, à Fribourg. Heureusement, ce temps est révolu. Intéressée à travailler dans ce domaine, Lisa Frioud, 24 ans, a dû prendre des cours de langue des signes française (LSF) avant de pouvoir faire un stage avec des jeunes sourds. Mina Forney, 19 ans, a commencé le même processus.

«La LSF est une langue à part entière, avec une syntaxe et une grammaire qui lui est propre», explique Bernard Morel. Mina Forney s’en aperçoit progressivement: «Le plus dur est de synchroniser le tout, les mouvements des mains et leur ordre, leur emplacement.» Bernard Morel ajoute qu’utiliser des expressions faciales pour communiquer est souvent un apprentissage de plus pour les entendants. «Je suis quelqu’un d’assez réservé et j’ai été obligée de m’entraîner à être plus expressive, confirme Lisa Frioud. C’est aussi une langue qui nécessite d’oser utiliser l’espace, cela m’apporte beaucoup.»

Plus qu’une langue

Dans la leçon hebdomadaire que suit Mina Forney, l’apprentissage se fait en imitant les signes de l’enseignante sourde, en mimant, ou parfois avec quelques phrases écrites. «Le français oral n’est pas utilisé, sourit-elle. C’est très enrichissant et différent du collège.» Lisa Frioud de son côté a opté pour des cours en ligne, pour permettre un apprentissage plus dense. C’est maintenant à travers son stage dans des classes d’enfants sourds qu’il se poursuit.

De plus, elle participe à des cafés signes ou regarde le téléjournal signé. Les deux jeunes femmes mentionnent également un lexique qui leur est d’une grande aide. Celui-ci est disponible sur le site de la Fédération suisse des sourds, qui s’engage entre autres en faveur de la reconnaissance juridique des langues des signes.

« J’ai compris que pouvoir communiquer facilement n’est pas un acquis pour tous »

Mais ce qui les marque, c’est tout ce qu’elles découvrent en plus de la langue. «J’ai compris que pouvoir communiquer facilement n’est pas un acquis pour tous, explique Mina Forney. Je me rends aussi compte qu’il y a des sons partout. Les sonnettes, le déclic d’une porte qui s’ouvre.» Une autre révélation qu’elles ont eue est que le français écrit n’est pas la langue maternelle des personnes sourdes qu’elles fréquentent.

«Parfois, c’est comme écrire et parler à un étudiant d’échange», décrit Mina Forney. Elle n’a pas tort. Comme pour toute langue, une culture importante accompagne la LSF. Par exemple, l’humour sourd se distingue de l’humour entendant. Ce qui ne doit pas empêcher les entendants de chercher la communication avec les personnes sourdes! «Nous sommes débrouillards et trouverons toujours une solution pour avoir un échange», affirme Bernard Morel.

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