La Liberté

Briser le tabou du suicide

Page Jeune - Société • La jeunesse représente une des franges de la population les plus vulnérables au suicide. Mais le nombre de décès diminue depuis 2000.

Briser le tabou du suicide
Briser le tabou du suicide

Louis Rossier

Publié le 11.09.2015

Temps de lecture estimé : 3 minutes

En Suisse, le suicide est la première cause de mortalité des personnes âgées de 15 à 29 ans, devant les accidents de la route; en 2013, tous les trois jours un jeune mettait délibérément fin à ses jours. Toutefois depuis 2000, le nombre de cas a été divisé par deux. Qu’est-ce qui explique cette diminution encourageante? «Nous avons fait beaucoup de progrès dans le domaine de la prévention ces quinze dernières années», explique Maléka Mamodaly, chargée de projet au sein de l’association Stop Suicide, qui tiendra un stand aujourd’hui même sur la place Georges-Python. «Contrairement à ce que l’on pourrait penser, parler du suicide de manière responsable n’engendre pas de réactions en chaîne», rappelle-t-elle.

Des facteurs multiples

Il est difficile de déterminer les raisons précises qui font naître chez un jeune le désir de se supprimer. Comme l’explique Maléka Mamodaly, «c’est souvent la conjonction de plusieurs facteurs, on aurait tort d’attribuer le suicide d’un jeune à une seule mauvaise note; c’est plutôt la goutte d’eau qui fait déborder le vase». Philippe*, 26 ans, a tenté de se suicider au printemps dernier. Il témoigne: «C’était le fruit de plusieurs années de descente aux enfers.»

Isolement, perte de son premier grand amour et décès de sa mère vont le mener aux antidépresseurs. «Cachets, alcool en grande quantité… Je ne sortais plus de chez moi si ce n’était pour choper de quoi me cuiter», se souvient-il. Dans de telles situations, explique Maléka Mamodaly, «la mort est vue, à tort, comme la seule manière d’interrompre une souffrance insoutenable, pourtant il existe d’autres alternatives».

Repérer les signaux

L’isolement, l’impulsivité et des changements subits de comportement sont autant de signaux d’alerte qui ne doivent pas être ignorés par les proches. «La présence de pensées suicidaires ne suffit pas à elle seule à annoncer un passage à l’acte, mais ça reste un indice de mal-être profond, qu’il convient de ne pas négliger», insiste Maléka Mamodaly. Le but sera alors de sortir le jeune de sa bulle morbide, en renforçant les liens d’écoute et d’affection. «La personne peut avoir besoin de communiquer son mal-être, auquel cas il faut l’accueillir sans jugement, et ne pas hésiter à l’accompagner vers des centres de ressources d’aide.» Philippe la rejoint: «Tendez toujours la main vers celui qui demande de l’aide. On ne l’a pas fait dans mon cas, je suis passé à l’acte.»

Mettre en avant ces ressources d’aide, c’est l’un des objectifs de la campagne «Là Pour Toi», menée par l’association Stop Suicide, qui s’étirera jusqu’au 3 décembre 2015. Dans le cadre de cette campagne et de l’action 72 heures, l’association tiendra un stand sur la place Georges-Python aujourd’hui même, où il sera notamment proposé aux passants de se photographier avec un tatouage éphémère arborant le hashtag #lapourtoi; le cliché pourra ensuite être partagé sur les réseaux sociaux. «Nous voulons créer un pont entre le réel et le virtuel, et former une chaîne de prévention participative», explique Maléka Mamodaly. Le reste du programme de la campagne «Là Pour Toi» figure sur le site internet www.lapourtoi.ch qui lui est dédié.

* Prénom d’emprunt

=> Informations: Là Pour Toi: www.lapourtoi.ch, Pro Juventute: tél. 147, La Main Tendue: tél. 143, PréSuiFri: www.fr-preventionsuicide.ch, Réseau fribourgeois de santé mentale: tél. 026 305 78 00.

Articles les plus lus
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11