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Exposition: Des photos de réseaux sociaux deviennent textiles

Pour le Belluard Bollwerk, l’artiste Xénia Lucie Laffely a transformé la Tour du Belluard, à Fribourg, en refuge douillet.

Xénia Lucie Laffely invite les visiteurs à prendre le temps de la visite. © Charly Rappo
Xénia Lucie Laffely invite les visiteurs à prendre le temps de la visite. © Charly Rappo

Tamara Bongard

Publié le 03.07.2024

Temps de lecture estimé : 3 minutes

«C’est un lieu d’hospitalité où les gens peuvent s’asseoir, se coucher et ralentir le rythme», explique Xénia Lucie Laffely à l’entrée de la Tour du Belluard à Fribourg. Pour coller au thème «vital» du Bollwerk festival cette année, l’artiste suisse installée au Canada y a façonné un nid douillet captant l’air du temps afin de le métamorphoser en textiles chamarrés.

Avec Slow Burn Stories, elle s’est donc demandé comment transformer des images rapides en images lentes. «Cela parle de ce rapport ambivalent que j’ai personnellement aux images et à leur consommation sur les réseaux sociaux, frénétique et un peu envahissante», poursuit l’artiste.

Collage d’Instagram

Son travail s’est nourri de photos trouvées en ligne ou prises par elle-même, notamment via des captures d’écran de stories Instagram. Xénia Lucie Laffely en a fait plusieurs collages dont elle a retenu les plus forts. «Je voulais donner une matérialité, une dimension plus charnelle et physique à ces images digitales que l’on voit passer sans prendre le temps de les regarder», ajoute la Vaudoise.

Les histoires et les références personnelles marquent cette série mais elles ne sont pas nécessaires pour l’apprécier. Désignant une de ses œuvres, elle précise toutefois: «Là, c’est une photographie d’une amie, Camilla, avec des leggings en léopard, le pied est celui d’Olivia, le lapin smiley en sciure est une photographie prise dans l’atelier d’une artiste travaillant le bois à Montréal, Myriam Simard-Parent, et les mains viennent d’une peinture médiévale que quelqu’un a modifiée avec l’intelligence artificielle.» Xénia Lucie Laffely a repeint ces éléments sur Photoshop, les a imprimés sur plusieurs tissus différents, qu’elle a superposés, collés puis matelassés à l’aide d’une machine lui permettant de dessiner directement avec l’aiguille et donc de modifier encore son tracé. «C’est superspontané. Quand je suis face à l’œuvre, je décide quelle dimension supplémentaire je vais lui donner», abonde-t-elle. Transportées depuis Montréal, ces pièces textiles ont ensuite été tendues sur cadre et accrochées aux murs.

«Je voulais donner une matérialité, une dimension plus charnelle et physique à ces images digitales»
Xénia Lucie Laffely

Pour parfaire cet écrin cosy, elle a rajouté de la cire et des perles sur les œuvres et sur les murs afin d’inciter les visiteurs à débusquer, à chercher, à prendre leur temps ou à le perdre. Au sol, un tapis orange ainsi que des coussins invitent encore à la détente. «Je voulais créer un contraste entre l’ancienneté de ce lieu, très gris, et quelque chose de contemporain, de chaleureux et de coloré avec le textile», dit la créatrice. Certes, la sobriété de l’architecture et l’exubérance de ces œuvres tranchent, mais, en évoquant des tentures ou des tapisseries médiévales, ces dernières se fondent aussi dans le décor.

Rêve et cauchemar

Ces pièces au format vertical rappelant celui d’un natel portent les traces de ses études de mode, non seulement dans sa maîtrise des textiles mais également dans les sujets traités où les vêtements, les accessoires, les bijoux racontent notre époque. «Je pense que, plus que le vêtement, c’est le corps habillé qui me fascine, aussi avec sa dimension sexy et charnelle, donnant envie de toucher les œuvres, de les regarder de plus près», note-t-elle. Avant d’ajouter que son travail est ambivalent. Il met en lumière une tension entre des notions opposées: entre le rêve et le cauchemar, la peur et le rire, la beauté et la laideur. A l’instar de la vie.

>Jusqu’au 6 juillet. Je-sa 18 h-22 h Tour du Belluard, Fribourg.

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