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Matran: Le chantier de la jonction autoroutière démarre

Les travaux du réaménagement de la jonction autoroutière de Matran sont officiellement lancés. Le chantier va se dérouler par étapes durant trois ans, jusqu’en 2027. L’Office fédéral des routes assure avoir pris des mesures pour limiter les perturbations de trafic.

Les machines de chantier ont commencé la construction d’une nouvelle voie de sortie pour les véhicules venant de Bulle. © Jean-Baptiste Morel
Les machines de chantier ont commencé la construction d’une nouvelle voie de sortie pour les véhicules venant de Bulle. © Jean-Baptiste Morel

Thibaud Guisan

Publié le 03.07.2024

Temps de lecture estimé : 6 minutes

C’est un projet en préparation depuis une quinzaine d’années qui entre enfin dans sa phase de réalisation. Après des travaux de déboisement effectués ce printemps, le réaménagement de la jonction autoroutière de Matran est officiellement lancé. Le chantier, qui doit durer trois ans et s’achever en juillet 2027, a pour objectif d’améliorer la fluidité du trafic sur un point névralgique du réseau routier, congestionné aux heures de pointe.

Le réaménagement du secteur, qui voit défiler 20 000 véhicules par jour, doit augmenter sa capacité. A l’horizon 2040, 30 000 véhicules sont attendus. «Le dimensionnement tient compte de la réalisation de la route Marly-Matran. Mais si cette liaison ne se fait pas, le projet reste nécessaire et justifié», précise Jérôme Nicolet, chef de projet à l’Office fédéral des routes (Ofrou), en notant que la jonction actuelle date des années 1970, alors que les giratoires du Bois et du Publo ont été ajoutés en 2001.

Un nouveau pont

Dans les grandes lignes, les travaux, devisés à 45 millions de francs (83% à la charge de la Confédération, 6,7 millions pour le canton et 356 000 francs pour la commune de Matran), prévoient de doter les quatre carrefours existants de feux, qui seront interconnectés. Le pont, qui passe par-dessus l’autoroute, sera démoli et rebâti avec un gabarit doublé (six voies au lieu de trois actuellement). Une bretelle d’entrée en direction de Fribourg sera également créée. Pour permettre sa réalisation, une nouvelle voie de sortie pour les véhicules venant de Bulle sera aménagée. Dans un autre registre, le projet inclut la réalisation de trottoirs, de pistes cyclables, de traversées sécurisées pour les piétons et de deux arrêts de bus.

«L’entreprise travaillera à la petite cuillère»
Jérôme Nicolet

Le trafic empruntera un pont provisoire à partir du printemps 2025. La mise en place de cet ouvrage fera l’objet d’une première opération dite «coup de poing» en avril 2025. Durant quatre nuits, l’autoroute sera fermée entre les entrées et les sorties de Matran pour permettre des travaux de fondation. Ensuite, lors d’une nouvelle fermeture, le pont sera installé entre un dimanche à 5 h et un lundi à 5 h.

«Le planning exact doit encore être confirmé, car la ligne électrique à haute tension des CFF devra être déclenchée. Le trafic ferroviaire ne sera pas interrompu, mais les CFF devront s’assurer qu’il n’y a pas d’autre ligne coupée en même temps», précise Jérôme Nicolet.

45

En millions de francs, le coût des travaux

Le pont actuel sera démoli, lui aussi, lors d’une opération coup de poing en juin 2025. Le nouvel ouvrage sera en service en août 2026. Pour l’heure, la ligne à haute tension est signalée par des fanions orange. «C’est un défi de travailler avec de nombreux réseaux souterrains et une ligne à haute tension à faible hauteur, en maintenant un trafic dense voire très dense pendant trois ans», relève le chef de projet.

Quarante-huit étapes

L’Ofrou estime avoir planifié les travaux pour réduire au maximum les perturbations de trafic dans le secteur. Le chantier sera par ailleurs à chaque fois interrompu entre novembre et mars, pour assurer un déneigement optimal et la qualité des opérations. «Ce chantier, c’est un gros puzzle. Le phasage des travaux a été étudié pendant quasi un an et demi par des ingénieurs spécialisés, en concertation avec la police cantonale et le centre d’entretien. La gestion du trafic est millimétrée. Nous avons identifié 48 phases et sous-phases», glisse le chef de projet.

L’Ofrou avertit qu’il faudra s’attendre à des ralentissements pour traverser la zone en chantier. Mais excepté quelques fermetures ponctuelles, le maître d’ouvrage assure que la circulation restera possible durant l’entier des travaux. «Sur un chantier d’une telle ampleur, il y aura forcément des adaptations et des imprévus, mais la philosophie ne changera pas. Au niveau du rendement et de la rapidité d’exécution, l’entreprise travaillera à la petite cuillère», image Jérôme Nicolet.

Deux phases de deux mois seront particulièrement critiques, de septembre à octobre 2024 et d’avril à mai 2025

En clair: la taille des engins sera limitée et les ouvriers travailleront sur de petits îlots entre deux flux de circulation. «On favorise ces méthodes très contraignantes pour l’entreprise, mais plus favorables pour les usagers. Le chantier dure plus longtemps, mais le mal est moindre.»

Deux phases critiques

Deux phases de deux mois seront particulièrement critiques. De septembre à octobre 2024 et d’avril à mai 2025, une des deux voies de circulation situées entre le giratoire du Bois et l’autoroute sera supprimée. «Nous craignons que cela ne pose des problèmes à l’heure de pointe du matin pour écouler les véhicules. Différentes mesures sont envisagées si cela devait avoir un impact sur la sécurité», indique le chef de projet.

Il n’empêche: l’Ofrou incite les usagers de la route à ne pas partir en quête d’itinéraires alternatifs à travers les villages environnants. «Nous ne donnons pas comme conseil d’éviter le secteur. Au niveau autoroutier, la jonction de Fribourg-Sud est aussi saturée, cela reporterait le problème. Par contre, nous invitons les gens, s’ils le peuvent, à éviter la zone aux heures de pointe et à adapter leurs horaires, par exemple pour des déplacements de loisir ou pour des achats. Nous avons investi beaucoup d’énergie pour développer un projet qui fonctionne et n’engendre pas de report de trafic», assure Jérôme Nicolet.

Les communes avoisinantes saluent des «travaux bénéfiques pour la région»

A priori, Matran sera une commune particulièrement touchée par les reports de trafic. Le syndic François Butty le confirme, tout en assurant que le village est prêt: «C’est pour cela que nous avons pris des mesures telles que notre zone 30 km/h.» Tout comme ses homologues de Neyruz et d’Avry, l’élu est content que le chantier de la jonction autoroutière ait été planifié de manière à éviter au maximum les nuisances. Il suppose que les automobilistes trouveront par ailleurs des voies d’évitement via «tous les petits chemins possibles et imaginables».

Syndic d’Avry, Michel Moret prévoit aussi un report de la circulation sur sa commune, du moins au début. «Mais je n’ai pas l’impression que cela va péjorer la situation de manière significative. De plus, ces travaux seront bénéfiques pour la région, car cette sortie d’autoroute est fortement mise à contribution depuis plusieurs années.»

Le syndic de Neyruz, Jean-Pierre Corpataux, partage cet avis et se dit soulagé que les travaux de la jonction autoroutière ne retardent pas ceux qui sont prévus sur la traversée du village. Au contraire: les deux chantiers ont pu être coordonnés.

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