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Canton

Les Osses montent au créneau

Le théâtre revendique une réouverture, sans discrimination par rapport à d’autres pans de l’économie


 Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

30 novembre 2020 à 19:20

Culture » Et les théâtres? Ont-ils été oubliés, wagon de queue laissé à quai, dans le train des assouplissements des mesures sanitaires annoncés par le canton de Fribourg la semaine dernière? Les artistes et les équipes techniques ont été choqués de voir les magasins ouverts lors du Black Friday et d’apprendre la réouverture des restaurants, prévue le 10 décembre, sans perspective quant à une réouverture des lieux culturels. Le Théâtre des Osses a pris les devants en écrivant une lettre au Conseil d’Etat, où Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier disent leur «incompréhension» et demandent des mesures d’assouplissement aussi pour les théâtres.

«A l’issue du dernier communiqué de presse du canton, le 25 novembre, les lieux culturels, théâtres et cinémas, n’ont pas été mentionnés», rappellent les codirecteurs du Centre dramatique fribourgeois. «Pour nous, c’était une forme de provocation. Nous avons été solidaires des mesures prises jusqu’ici, nous avons toujours été très prudents, mais nous n’avons pas été pris en considération.» Le Théâtre des Osses s’inquiète que les lieux culturels et toutes les personnes dépendant de la chaîne des métiers touchés par la fermeture passent ainsi pour moins prioritaires et regrette cette «différence de traitement» qu’il estime «injuste».

En novembre, ce sont les Lettres à nos aînés, une création maison, avec huit comédiens fribourgeois, qui ont dû être annulées. Ce mois de décembre, devaient commencer les représentations de Grâce à Dieu, pour lancer le débat sur le silence qui mine les victimes et la chape de plomb qui recouvre les cas d’abus et de violences. La coproduction du Centre dramatique fribourgeois, faisant partie des représentations scolaires à l’agenda du théâtre, est jouée par les comédiens fribourgeois Sylviane Tille et Yann Pugin. Les décors sont montés, dans la salle principale pour l’un, dans le studio à l’étage pour le second, les comédiens sont prêts à travailler, toutes les mesures de protection ont été prises (masque obligatoire, distanciation grâce à une jauge très réduite, traçage précis, désinfectant).

«Le désir de revivre»

«Nous voulons passer un message positif. Nous sommes prêts à accueillir le public, après neuf mois d’arrêt et une petite parenthèse en automne», précisent Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier, qui ont imaginé une action originale pour sensibiliser l’opinion et les autorités à l’importance des métiers de la scène et de l’art en général dans la vie. «Dans cette période de grande fragilité psychologique, le public fribourgeois est avide de revenir au théâtre, privé qu’il est des ressources vitales que lui offrent l’imaginaire, la poésie et le lien social», écrivent-ils dans leur missive.

«Nous avons été solidaires des mesures prises jusqu’ici»
Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier

Ce lundi soir, les comédiens fribourgeois à l’affiche de ces deux spectacles participent au tournage de clips vidéo qui seront diffusés à partir de demain mardi sur le site internet du théâtre. «Nous sommes prêts à ouvrir, en même temps que les cafés», revendiquent les Osses et leur équipe. Symboliquement, la billetterie est restée ouverte pour les représentations de Grâce à Dieu planifiées à partir du 10 décembre. Des représentations des Lettres à nos aînés ont été reportées du 21 au 30 décembre et sont aussi ouvertes à la location. «Nous voulons englober le public à cet appel. Nous recevons beaucoup de messages d’encouragement. L’essentiel pour nous et pour les comédiens, c’est de pouvoir rencontrer le public. Nous ressentons fort la baisse générale de moral. Les comédiens ont le désir de jouer et le public de revivre», insistent Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier.

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