Environnement. Appel à accélérer les négociations sur la pollution plastique
Les négociations pour un traité mondial contre la pollution plastique sont trop lentes et doivent être accélérées "de manière significative", a averti mercredi le chef des pourparlers à Busan, en Corée du Sud, à quatre jours de la date butoir pour un accord.
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ATS et AFP
27 novembre 2024 à 06:53, mis à jour à 12:47
"Les progrès ont été trop lents. Nous devons accélérer nos travaux de manière significative", a reconnu le diplomate équatorien qui préside la négociation, Luis Vayas Valdivieso, devant les délégués réunis en séance plénière mardi soir.
Ces représentants de plus de 170 pays planchent depuis lundi sur le texte d'un premier traité contraignant destiné à combattre le fléau de la pollution plastique. Après deux ans de négociations, ils ont jusqu'à dimanche soir pour se mettre d'accord.
En 2019, le monde a fabriqué environ 460 millions de tonnes de plastique, un chiffre qui a doublé depuis 2000, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Et la quantité risque encore de doubler d'ici 2040.
Plus de 90% du plastique n'est jamais recyclé, et plus de 20 millions de tonnes finissent chaque année dans la nature, souvent après seulement quelques minutes d'utilisation.
Mais si tous s'accordent à reconnaître la gravité du problème, les avis divergent radicalement sur la façon de le combattre.
Deux camps au moins s'affrontent à Busan.
Une majorité de pays demande un traité couvrant l'ensemble du "cycle de vie" du plastique, de la production aux déchets. Ils militent pour des objectifs contraignants de réduction de la production et des déchets et pour l'interdiction des produits les plus problématiques.
Mais une vingtaine d'autres pays, menés par les gros producteurs de pétrole - matière première du plastique - que sont l'Arabie Saoudite, la Russie et l'Iran, estiment que le but du traité doit être de réduire la pollution en améliorant la conception des plastiques, le recyclage et la gestion des déchets.
Frustration
Selon eux, réduire la production ne fait pas partie des objectifs de la négociation.
Aucun des deux camps n'a publiquement accusé l'autre du retard pris par les négociations. Mais après l'appel de M. Vayas Valdivieso, les délégués de plusieurs pays partisans d'un traité ambitieux, comme les Fidji, le Panama, la Norvège ou la Colombie, ont exprimé leur frustration, souvent en des termes très vifs.
"Pendant que nous discutons ici de sémantique et de procédures, la crise s'aggrave", a averti Juan Carlos Monterrey Gomez, représentant spécial du Panama pour le changement climatique.
"Nous sommes ici parce que des microplastiques ont été trouvés dans le placenta de femmes en bonne santé", a-t-il poursuivi. "Nous sommes littéralement en train d'élever une génération qui commence sa vie polluée avant même d'avoir pris sa première respiration".
"Manque d'ambition"
Il a accusé les négociateurs de "contourner la vérité, manquer d''ambition et d'ignorer l'urgence qui exige une action", s'attirant un tonnerre d'applaudissements dans la salle.
A l'inverse, le délégué iranien Massoud Rezvanian Rahagh a affirmé que les dirigeants des négociations "n'écoutent pas tout le monde" et ont "une approche discriminatoire concernant l'inclusion de suggestions" dans le futur traité.
"Nous sommes sincères, nous sommes honnêtes et nous sommes prêts à coopérer (...) mais nous ne voulons pas être accusés de bloquer les négociations par des tactiques malhonnêtes", a-t-il ajouté.
"Qu'un groupe d'Etats accuse un autre groupe d'Etats est inacceptable", a renchéri le délégué russe, Dimitri Kornilov.
"Nous avons la forte impression qu'il existe une déconnection entre les objectifs déclarés de notre processus de négociation et ce que nous sommes en train de faire vraiment", a-t-il poursuivi.
Il a appelé les négociateurs à "se concentrer sur des éléments qui soient acceptables pour toutes les délégations".
Plusieurs participants et observateurs aux réunions des quatre "groupes de contact" qui travaillent à huis clos sur le projet de traité, ont décrit des discussions difficiles mercredi.
"Nous avançons très lentement. On a même parfois l'impression de reculer", a déclaré à l'AFP un diplomate européen sous le couvert de l'anonymat.
"La question est de savoir si, alors que nous approchons de la dernière ligne droite samedi et dimanche, des initiatives plus audacieuses seront prises pour tenter de débloquer l'accord et si ces mesures, si elles interviennent à ce moment-là, n'arriveront pas trop tard", a-t-il ajouté.
Selon lui, malgré cet enlisement apparent, un coup de théâtre reste possible.
"Dans les tactiques de négociation, les gens gardent leurs cartes jusqu'à la fin. Cela fait déborder le vase, les gens s'exaspèrent et parfois, disons-le, les esprits ne sont pas dans un état propice à la négociation", explique-t-il. "Mais c'est ainsi que l'on négocie, et cela signifie que tout peut se débloquer dimanche soir".