Communisme » Durant la guerre froide, un parti maoïste, bien que relativement confidentiel, a exercé une influence dans le paysage sociopolitique suisse grâce à plusieurs associations culturelles qu’il contrôlait en sous-main. Les explications de l’historien Cyril Cordoba, chercheur à l’Université de Fribourg et auteur d’une thèse¹ sur les relations culturelles et politiques entre la Suisse et la République populaire de Chine.
Les cellules maoïstes apparaissent autour de 1963. Sous quelles impulsions?
Cyril Cordoba: Leur apparition s’inscrit dans le contexte historique de la rupture politique entre la Chine et l’Union soviétique, au début des années 1960. Certains membres des partis communistes traditionnels – y compris au sein du Parti du travail, en Suisse – revendiquent un retour à une certaine pureté marxiste-léniniste. Ils décident de se démarquer de l’Union soviétique, accusée de «révisionnisme», font sécession et créent leurs propres partis, dits maoïstes ou prochinois. Ces partis naissent un peu partout dans le monde, dans une optique tiers-mondiste, séduisant surtout les jeunes et les intellectuels.
Qu’en est-il en Suisse?
En 1964, l’éditeur de gauche et tiers-mondiste Nils Andersson fonde une première organisation maoïste à Lausanne, qu’il nomme Centre Lénine. Cette cellule va devenir le Parti communiste suisse marxiste-léniniste (PCS/ml) dès 1972, le seul parti maoïste à être officiellement reconnu en Suisse par Pékin durant la guerre froide. Le mouvement s’étend rapidement dans plusieurs autres villes de Suisse, à La Chaux-de-Fonds, puis à Genève, Bienne, Bâle ou encore Zurich. Il y avait quelques sympathisants à Fribourg, mais je n’y ai pas trouvé de traces de cellule maoïste officiellement constituée.