Loisirs » Sport national par excellence, le ski participe aujourd’hui du mythe helvétique, au même titre que les montres ou le chocolat. En quelques décennies, il est devenu un moteur formidable du développement économique, touristique, social et culturel de notre pays. Mais comment ce moyen de locomotion rudimentaire, importé par les Scandinaves au XIXe siècle, a-t-il pu devenir un sport emblématique de la Suisse? Les explications de l’historien Grégory Quin, maître d’enseignement et de recherche à l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne et coauteur d’une riche étude sur l’histoire du ski en Suisse.
Au départ, le ski n’était qu’un modeste moyen de locomotion dans les neiges scandinaves. Comment a-t-il fait sa trace en Suisse?
Depuis des temps très anciens, les hommes ont cherché à agrandir la surface de leurs pieds pour ne pas s’enfoncer dans la neige. Il y a des centaines d’années, ils utilisaient déjà des douves de tonneaux et des raquettes. Le ski, tel qu’on le connaît, est une innovation de la révolution industrielle, comme le football, le tennis ou le cyclisme. Importé en Suisse durant la seconde moitié du XIXe siècle par des commerçants et étudiants suédois ou norvégiens, il a séduit des Suisses qui se sont mis à fabriquer leurs propres lattes de bois en copiant les skis scandinaves. Le premier ski-club du pays a été créé en 1893 à Glaris. Les Anglais, qui venaient dans les Alpes en villégiature, ont alors imaginé des règles pour ce nouveau sport.