Automobile. Toyota va ouvrir une usine à Shanghai
Le géant japonais de l'automobile Toyota a annoncé mercredi la construction d'une usine de voitures électriques à Shanghai, emboîtant le pas à l'américain Tesla, afin d'affronter la vive concurrence chinoise sur ce créneau en plein essor.
Partager
ATS, AWP et AFP
Aujourd’hui à 12:26, mis à jour à 12:33
Le groupe a par ailleurs relevé ses prévisions pour l'exercice décalé 2024-2025, après un bond du bénéfice net trimestriel.
Toyota, premier constructeur du globe devant l'allemand Volkswagen, va établir dans la métropole de Chine continentale une usine destinée à produire des batteries électriques et un modèle 100% électrique de sa marque premium Lexus.
Le groupe affirme vouloir créer à cet effet "une nouvelle société contrôlée à 100%", c'est-à-dire sans partenaire chinois.
Un projet qui s'inscrit dans les traces de Tesla: le champion américain de l'électrique assemble depuis 2019 ses véhicules dans son énorme gigafactory de Shanghai, qu'il contrôle intégralement à l'inverse des sites des autres constructeurs automobiles étrangers dans le pays, dépendants de co-entreprises formées avec des groupes chinois.
Toyota prévoit de démarrer la production de son usine shanghaïenne après 2027, promettant 1000 nouveaux emplois pour le démarrage, et une capacité de production initiale d'environ 100'000 véhicules par an.
Le constructeur espère rattraper son retard sur le marché chinois, où les marques locales, dont BYD, dominent largement le créneau en plein essor des voitures électriques.
"Répondre aux besoins"
Toutes marques confondues, les ventes au détail de voitures électriques et hybrides en Chine ont grimpé de 40,7% en 2024, et représentent près de la moitié des véhicules vendus dans le pays, selon la Fédération chinoise des constructeurs de voitures individuelles.
Toyota a "la conviction qu'un approvisionnement plus rapide de modèles répondant aux besoins des consommateurs est crucial en Chine, où la demande de véhicules à énergies nouvelles est élevée", insisté le groupe japonais.
Pour autant, face à une consommation en berne plombée par une crise persistante de l'immobilier, les constructeurs chinois se livrent à une féroce guerre des prix.
Dans ce contexte, à l'instar des autres constructeurs étrangers, Toyota souffre: ses ventes en Chine (incluant Lexus) ont reculé d'environ 7% l'an dernier, pénalisées selon lui par "le virage vers les véhicules électrifiés", faute de modèles appropriés, et par l'"intensification de la concurrence".
"A l'heure où la Chine bascule vers l'électrique en raison d'une stratégie nationale concertée, cette usine de Shanghai est une décision stratégique logique", a indiqué à l'AFP Tatsuo Yoshida, analyste chez Bloomberg Intelligence.
"Par le passé, Toyota se montrait extrêmement prudent sur l'expansion de ses activités en Chine par peur de fuites de ses technologies", mais le groupe "a changé son approche, en faveur du développement sur place des technologies et produits adaptés au marché local", estime-t-il.
"Sortir le parapluie"
A l'inverse, la stratégie de Toyota consistant à proposer une vaste gamme de véhicules, thermiques comme hybrides, porte ses fruits aux États-Unis, son autre grand marché (ventes en hausse de 3,7% en 2024).
Toyota possède dix usines aux Etats-Unis, mais est également fortement implanté au Mexique, dans le cadre de chaînes de production transfrontalières qui pourraient être sévèrement perturbées par les menaces de barrières douanières agitées par le nouveau président américain Donald Trump.
"On ne sait pas encore ce qui va se passer ni comment nous devrons réagir. Dès qu'il commencera à pleuvoir, nous sortirons notre parapluie", a simplement commenté devant la presse Yoichi Miyazaki, cité par Bloomberg.
Signe d'un engagement accru aux Etats-Unis, Toyota a indiqué mercredi que son usine de batteries pour véhicules électriques et hybrides en Caroline du Nord, un investissement à 14 milliards de dollars, assurera ses premières livraisons en avril.
Au troisième trimestre de son exercice décalé (octobre-décembre), le groupe a vu son chiffre d'affaires grimper de 2,9% sur un an, à 12'391 milliards de yens (77,9 milliards d'euros, tandis que son bénéfice net s'envolait de 62% sur un an à 2190 milliards de yens.
De solides performances qui l'ont conduit à relever ses prévisions pour l'ensemble de l'exercice, qui s'achèvera fin mars: il mise désormais sur un bénéfice net annuel de 4520 milliards de yens (28 milliards d'euros) --ce qui représenterait cependant un repli de 8,6% sur un an.
Toyota anticipe dorénavant un chiffre d'affaires annuel de 47.000 milliards de yens, en solide hausse de 4,2% sur un an.