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Suisse

Voie libre pour un duo alémanique

Mathias Reynard hors course, Mattea Meyer et Cédric Wermuth peuvent rêver de la présidence du PS


 Philippe Castella

Philippe Castella

16 juin 2020 à 04:01

Parti socialiste » Pour la succession de Christian Levrat à la tête du Parti socialiste, les jeux sont presque faits. La voie est en tout cas grande ouverte pour le tandem alémanique formé de la Zurichoise Mattea Meyer et de l’Argovien Cédric Wermuth. Le jeune duo de conseillers nationaux, 32 ans pour elle, 34 pour lui, voit ses chances dopées par le renoncement de leurs principaux concurrents, Mathias Reynard et Priska Seiler Graf, qui briguaient le poste en tandem aussi.

Le Valaisan a annoncé hier dans Le Nouvelliste qu’il allait privilégier la course au Conseil d’Etat de son canton, où il tentera de sauver au printemps prochain le siège socialiste détenue par la Haut-Valaisanne Esther Waeber-Kalbermatten, qui se retire après douze ans au gouvernement.

Autres pistes abandonnées

Dans la foulée, Priska Seiler Graf a indiqué dans un communiqué avec son colistier, qu’elle se retirait elle aussi de la course. «J’aurais aimé poursuivre cette aventure, car je suis persuadée que notre duo et notre complémentarité représentaient de véritables atouts pour guider le PS suisse. Mais je ne peux que comprendre l’importance d’avoir des camarades compétents et motivés dans les gouvernement cantonaux», commente la co-présidente du PS zurichois.

Alors que le possible retrait de Mathias Reynard était dans l’air, d’autre pistes ont été évoquées récemement dans les médias alémaniques, et en particulier celle d’un tandem féminin composé de Priska Seiler Graf et de Franziska Roth. En compagnie encore du Zurichois Angelo Barrile, la Soleuroise avait déjà participé à un groupe de réflexion pour former un ticket susceptible de battre le tandem Meyer/Wermuth, ce qui avait débouché sur la candidature Reynard/Seiler Graf. Mais cette dernière a préféré jeter l’éponge elle aussi.

«Je suis convaincue que le duo entre Mathias et moi était le bon et je ne souhaite pas poursuivre seule cette aventure ou chercher une autre personnalité», justifie Priska Seiler Graf . Il faut dire aussi qu’une victoire pour elle passait par un très large soutien des sections romandes, ce que seul son colistier valaisan lui offrait.

Dans le camp du tandem encore en lice, on se garde de crier victoire trop vite. Cédric Wermuth tient d’abord à remercier Priska Seiler Graf et Mathias Reynard, ainsi qu’à saluer le choix du second: «C’est une décision qui m’impressionne, parce qu’il prend là un grand risque. Mais je suis convaincu qu’il sera un excellent conseiller d’Etat pour le PS.»

Profil marqué à gauche

Les principaux ennemis du duo alémanique, ce sont désormais... eux-mêmes et leur profil marqué à la gauche du parti pour ces deux anciens ténors des Jeunesses socialistes. «Je n’ai jamais compris ce que le parti devrait être si ce n’est de gauche», réplique l’Argovien. «Et d’ailleurs, nous nous situons sur la même ligne que Mathias Reynard. En outre, c’est un parti démocratique et populaire, où la présidence ne fixe pas seule les positions.» Cédric Wermuth fait valoir encore sa très bonne collaboration en Argovie durant près de vingt ans avec Pascale Bruderer, longtemps figure de proue de l’aile dite modérée ou économique du parti.

De concurrent officiel, le tandem n’en a plus qu’un, le jeune Bernois Martin Schwab (25 ans) qui, pour seule expérience politique, peut se prévaloir d’être au comité de sa section de Nidau. D’autres candidatures plus sérieuses pourraient encore émerger. Après l’annulation du congrès d’avril en raison du coronavirus, le PS va rouvrir les candidatures à sa présidence entre le 10 août et le 2 septembre, indique son porte-parole Clément Borgeaud, pour un nouveau congrès prévu les 17 et 18 octobre à Bâle.

Un siège à sauver en Valais

C’est ce report qui a changé la donne pour Mathias Reynard. Il voulait laisser la place à une candidature féminine pour le Conseil d’Etat. Mais toutes celles pressenties ayant renoncé, les pressions ont augmenté sur lui en Valais. Il faut dire que l’excellent score qu’il a réalisé l’automne dernier dans la course au Conseil des Etats laisse entrevoir de bonnes chances de succès dans un scrutin majoritaire.

«C’était un choix difficile. J’ai laissé parlé mon coeur qui se situe en Valais», confesse le socialiste. Il se dit conscient que sa candidature est «vraiment utile pour tenter de sauver le siège de la gauche au gouvernement», alors que la présidence du PS ne peut échapper à ses camarades... A ceux qui lui reprocheraient son inconstance ou son opportunisme, il réplique: «On devrait un peu plus s’inspirer de ceux qui font l’éloge du doute et prennent le temps de réfléchir avant une décision importante.»

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