Gerhard Andrey. «Si je ne suis pas élu, rien n’est perdu pour la suite de ma carrière politique»
Le Fribourgeois Gerhard Andrey est le premier élu vert à se lancer dans la course au Conseil fédéral pour tenter de décrocher un des deux sièges dévolus aujourd’hui au Parti libéral-radical. Grande interview.
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Guillaume Chillier et Philippe Castella
2 novembre 2023 à 09:40
Conseil fédéral» Non, il n’a pas l’âme d’un kamikaze, Gerhard Andrey. Et pourtant, le Fribourgeois se dit prêt à relever un défi qui paraît impossible, devenir en décembre le premier écologiste à siéger au Conseil fédéral. Conseiller national depuis quatre ans, cet entrepreneur à succès dans le domaine numérique a annoncé mardi sa candidature à la candidature verte. Il est le premier à se lancer.
D’autres, plus capés que lui, ont déjà fait part de leur renoncement, à commencer par le président du parti Balthasar Glättli, la sénatrice genevoise Lisa Mazzone, ou les deux anciennes présidentes du Conseil national, la Bâloise Maya Graf et l’Argovienne Irène Kaelin. Et mercredi encore, le sénateur glaronais Mathias Zopfi.
Ses concurrents éventuels ont jusqu’à vendredi pour s’annoncer. Le groupe parlementaire des Verts décidera le 10 novembre qui il envoie à l’assaut d’un des deux sièges PLR au gouvernement. A La Liberté, Gerhard Andrey confie les motivations qui le poussent à se lancer dans cette bataille. Interview.
On n’imaginait pas qu’en vous sommeillait un kamikaze…
Gerhard Andrey: La démocratie n’est pas un champ de bataille. Il s’agit là du renouvellement complet du Conseil fédéral après des élections, et le parlement a la responsabilité d’inclure les forces importantes du pays au gouvernement. Or aujourd’hui, un quart de l’électorat n’y est pas représenté alors que le PLR est surreprésenté. Mathématiquement, le premier siège des Verts est bien plus légitime que le deuxième du PLR.
La politique, ce n’est pas que des mathématiques… Croyez-vous vraiment avoir une chance d’être élu?
On pourrait aussi dire que la crise climatique ou les crises géopolitiques sont de l’ordre de l’impossible à résoudre. Or il faut y faire face. Si nos ancêtres avaient dit que c’était impossible de construire les grands tunnels et notre impressionnant réseau ferroviaire, nous ne disposerions pas aujourd’hui de telles infrastructures. Celles et ceux qui sont prêts à affronter ces difficultés sont les mêmes qui vont être capables de trouver des solutions. Et le besoin est urgent.
Avec cette candidature de combat, ne craignez-vous pas de vous griller plutôt que de vous profiler?
Dans notre culture démocratique, on se propose comme candidat et on est élu ou non. Aujourd’hui, je me mets à disposition de mon parti et mon regard porte jusqu’au 13 décembre. Si je ne suis pas choisi ou élu, rien n’est perdu pour la suite de ma carrière politique.
Mais tout de même, n’êtes-vous pas en train de risquer votre réputation et de vous sacrifier pour la cause des Verts?
Au contraire, cela nous permet de mettre en avant ce que nous avons à proposer. Par exemple un entrepreneuriat progressiste et durable, sur les plans écologique, économique et social. Ou sur les questions numériques, dont les compétences ne sont pas représentées au Conseil fédéral. Tout cela, nous pouvons l’apporter au gouvernement.
Pourquoi est-ce vous plutôt qu’un autre que les Verts doivent lancer?
J’ai un parcours inhabituel. J’ai grandi dans la campagne singinoise, à Heitenried, dans une exploitation agricole. J’ai fait un apprentissage de menuisier puis l’Ecole d’ingénieurs. J’ai ensuite monté une entreprise qui emploie aujourd’hui plus de 200 personnes. Tout cela en conservant un lien très fort avec le développement durable et la défense de l’environnement. J’ai aussi la chance d’être soutenu à fond par ma femme et mes enfants.
Votre profil d’entrepreneur à succès pourrait séduire à droite. Mais clairement, vous êtes un patron de gauche, non?
Je suis avant tout un entrepreneur engagé pour le développement durable. Et c’est dans l’intérêt des entreprises et de la société d’offrir des conditions de travail intéressantes. Cela n’a rien à voir avec la gauche ou la droite. J’ai quelque chose à offrir à la Suisse grâce à mon parcours.
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