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Guerre en Ukraine, deux ans déjà

Portrait. Scientifique, elle reconstruit l’Ukraine depuis Genève

Comme de nombreux scientifiques, Iryna Sotnyk a trouvé refuge en Suisse grâce à une bourse académique. Portrait.

La chercheuse ukrainienne Iryna Sotnyk est aujourd’hui collaboratrice scientifique à l’Université de Genève. © J.-P. Di Silvestro/Regardirect.ch

Sophie Gremaud

Sophie Gremaud

26 février 2024 à 11:40

Temps de lecture : 1 min

Que faisiez-vous il y a deux ans jour pour jour? Iryna Sotnyk, elle, s’en souvient très bien… «Ma région est tellement proche de la frontière avec la Russie que le premier jour de la guerre, les tanks russes parcouraient déjà nos rues principales», confie l’Ukrainienne de 46 ans. Face à cette interminable guerre, Iryna a choisi son arme de résistance: le travail.

«Le job m’a sauvée, c’est ma thérapie pour sortir du chaos», déclare-t-elle dans un anglais irréprochable, teinté d’un accent de l’Est, murmuré à travers des lèvres soigneusement maquillées, et surtout avec beaucoup de modestie. Installée à présent à Genève, elle se décrit davantage comme chercheuse que comme réfugiée. Car Iryna Sotnyk a derrière elle une longue carrière, récompensée par de nombreux prix nationaux et bourses internationales. Un parcours académique brillant, qu’elle poursuit aujourd’hui sur les rives du lac Léman, loin des bombes mais aussi de ses proches…

C’est à Soumy, une ville du nord-est de l’Ukraine, que la scientifique a construit sa vie et sa carrière. Jusqu’à l’arrivée destructrice des forces russes, le 24 février 2022. «Ce sont de très mauvais souvenirs, c’est très difficile d’y repenser… Très vite, la ville était entourée de trois côtés par l’ennemi. Mon fils, mon mari et moi sommes allés vivre dans la maison de mes parents, l’université a suspendu ses activités pendant un mois. Début avril 2022, notre région a été libérée. Aujourd’hui encore, la vie à Soumy reste très dangereuse», confie-t-elle, visiblement bouleversée.

Voir la vie en vert

Remplis de larmes lorsqu’il est question du conflit, les yeux d’Iryna brillent d’une autre façon lorsque, par protection et par passion, elle dévie vers un autre sujet, celui de sa carrière professionnelle. «Je ne voulais pas quitter l’Ukraine en tant que simple réfugiée. Je voulais continuer mes recherches, avoir un emploi, un salaire», explique-t-elle. En mars 2022, elle apprend que l’Université de Genève (UniGe) cherche à accueillir un scientifique ukrainien dans un domaine très proche des études menées par Iryna à Soumy.

«Une fois que mon fils a été inscrit à l’université et qu’il a reçu la confirmation qu’il pourrait suivre les cours à distance, nous avons pris la décision de partir vers la Suisse. Mon mari et mes parents sont restés aux pays», explique-t-elle. La mère et son fils, qui a à présent 18 ans, traversent alors l’Ukraine d’est en ouest et arrivent à Genève fin septembre 2022, après trois jours d’un voyage «stressant et dangereux».

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