Portrait. Viola Amherd, une femme imperturbable à la défense malgré les critiques
Viola Amherd, la première femme à avoir dirigé le Département fédéral de la défense, tire sa révérence. Après avoir signé un grand succès dès son entrée en fonction sur les avions de combat F-35A, les critiques se sont enchaînées.
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ATS
Aujourd’hui à 15:37, mis à jour à 15:52
Malgré les problèmes, elle a su garder son sang-froid. Son année présidentielle en 2024 a été couronnée par la fin des négociations avec l’UE.
Fin 2024, la Valaisanne annonce avec la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen, la conclusion des négociations entre la Suisse et l’UE sur les Bilatérales III. Elle a aussi frappé fort en été 2024 en accueillant le gratin politique lors de la conférence du Bürgenstock pour la paix en Ukraine. Viola Amherd estime alors avoir obtenu un «bon résultat».
Succès sur les avions
Elue en 2018, la Valaisanne reprend d’entrée de jeu le dossier du nouvel avion de combat. Après l’échec du Gripen dans les urnes en 2014, la pression est grande pour faire accepter au peuple suisse l’achat de nouveaux jets pour les forces aériennes.
Le 27 septembre 2020, elle réussit là où ses prédécesseurs UDC ont échoué: la population accepte, mais du bout des lèvres. La gauche veut absolument éviter l’achat de F-35A, mais son initiative ne sera jamais soumise au vote.
Lorsque Viola Amherd annonce que son choix s’est justement porté sur les F-35A du fabricant américain Lockheed Martin, les critiques pleuvent: appareils trop chers, inadaptés à la Suisse, achetés hors toute considération de politique étrangère. La ministre encaisse sans sourciller; son but est atteint.
La presse révèle plus tard qu’Ignazio Cassis et Ueli Maurer étaient en discussion avec les Français pour acquérir des Rafales. Viola Amherd n’aurait pas été au courant de ces discussions. Son bonus sympathie la sauve.
Contexte particulier
La cheffe de l’armée a également bénéficié du contexte international particulier. La guerre en Ukraine change la donne et replace l’armée au centre des préoccupations.
Le Parlement veut augmenter le budget de l’armée à 1% du PIB d’ici 2030. Et ce malgré le rouge vif affiché par les finances fédérales. En décembre 2024, il acte une hausse de 4 milliards sur quatre ans et coupe largement dans la coopération internationale.
Durant son année présidentielle en 2024, Viola Amherd a été bousculée par les turbulences. Dans le dossier du «trou» de plusieurs milliards dans la caisse de l’armée, la Valaisanne a clairement raté sa communication.
Elle tarde à s’exprimer, préférant envoyer le chef de l’armée Thomas Süssli s’expliquer devant les médias. Quand finalement la ministre s’explique, elle contredit son chef de l’armée. Conclusion: l’armée n’a aucun problème financier, mais un problème de communication.
Imbroglio
La Valaisanne doit également faire face à un véritable imbroglio en raison de l’achat des chars Leopard 1 à l’Italie en 2016 par l’entreprise d’armement Ruag. Les transactions qui entourent l’achat de ces chars sont floues.
C’est particulièrement le rachat de ces chars par l’entreprise allemande Rheinmetall qui retient l’attention. Le co-producteur du Leopard 1 s’est intéressé aux chars dès le début de la guerre en Ukraine en mars 2022. Mais le Conseil fédéral refuse la vente indiquant que ces armes ne pouvaient pas être vendues à l’Ukraine.
Dans le sillage de cette revente manquée, la cheffe de Ruag, Brigitte Beck, annonce sa démission en août 2023. Alors que l’entreprise est épinglée par un audit du Contrôle fédéral des finances pour sa gestion de la vente des chars Leopard 1, c’est le président du conseil d'administration, Nicolas Perrin, par ailleurs beau-frère de Brigitte Hauser-Süess, collaboratrice personnelle de Mme Amherd, qui démissionne.
Brigitte Beck et Nicolas Perrin représentaient le renouveau de Ruag après sa dissociation. Viola Amherd a dû faire face à d’autres problèmes de personnel. A peine nommé à la tête du tout nouveau Secrétariat d'Etat à la politique de sécurité, le Prévôtois Jean-Daniel Ruch y renonce pour des raisons personnelles.
Armée en soutien
Par petites touches, elle a su mettre en valeur le travail de l’armée. Lors de la crise du coronavirus, lorsque 6000 militaires sont mobilisés pour soutenir les autorités cantonales. Il s’agit du plus grand déploiement depuis la Seconde Guerre mondiale. Lors des inondations au Tessin et en Valais à l’été 2024, l’armée est également venue à la rescousse.
Malgré les critiques et les problèmes, la Valaisanne reste appréciée longtemps, avant de dégringoler en fin de classement dans les sondages d’opinion. L’UDC l’a continuellement critiquée pour son rapprochement avec l’OTAN.
L’ancien PDC n’avait plus été à la tête du dicastère depuis Arnold Koller, qui y était resté deux ans de 1987 à 1989.