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Politique

France. France: Bayrou remet la réforme des retraites "en chantier"

Le nouveau 1er ministre français François Bayrou a rouvert mardi le débat sur une réforme contestée des retraites voulue par Emmanuel Macron. Une ouverture à gauche destinée à éviter une censure similaire à celle qui avait fait tomber le précédent gouvernement.

François Bayrou a affirmé qu'il n'y aurait "aucun tabou, pas même l'âge" de départ en retraite, fixé à 64 ans lors de la réforme, projet-phare du président Emmanuel Macron, qui avait provoqué un fort mécontentement populaire.KEYSTONE/AP/Thibault Camus

ATS
AFP

ATS et AFP

14 janvier 2025 à 16:33, mis à jour à 21:02

Temps de lecture : 1 min

M. Bayrou, soutien de la première heure du président Macron depuis l'élection de ce dernier en 2017, a annoncé à l'Assemblée la "remise en chantier" d'une réforme centrale pour le président français. Cette réforme avait repoussé en 2023 de 62 à 64 ans l'âge de la retraite, malgré l'hostilité d'une majorité de l'opinion publique.

"Je choisis de remettre ce sujet en chantier, avec les partenaires sociaux, pour un temps bref", a déclaré le Premier ministre de 73 ans, ajoutant dans son discours de politique générale qu'il n'y aurait "aucun tabou, pas même l'âge" de départ.

Réforme appliquée si pas d'accord

La réforme contestée s'appliquera toutefois si les partenaires sociaux ne s'accordent pas sur une solution alternative de financement des retraites dans un délai de trois mois.

Cet exercice d'équilibriste devrait permettre à M. Bayrou, nommé Premier ministre mi-décembre sans majorité à l'Assemblée nationale, d'arracher une forme de neutralité à la gauche modérée, sans braquer pour autant ses partisans du centre et de la droite, partisans d'un effort collectif pour assurer un financement pérenne des retraites.

Soumettre la réforme au Parlement

Mais le chef des socialistes Olivier Faure a assuré après le discours de M. Bayrou que son parti censurerait jeudi le gouvernement, sauf si le Premier ministre accepte de façon "claire" que la question des retraites soit soumise au Parlement, "qu'il y ait accord ou pas accord" entre les partenaires sociaux.

La gauche radicale du parti La France insoumise (LFI) a en effet déposé mardi une motion de censure contre le gouvernement signée par 57 autres députés, issus de ses rangs mais aussi des groupes communiste et écologiste.

Sans l'appui des socialistes, le texte a toutefois peu de chances d'être adopté. Le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), le plus important dans l'hémicycle, a confirmé pour sa part qu'il ne voterait pas la censure pour éviter "la politique du pire".

Les débats ont en tout cas confirmé le fossé désormais creusé entre les socialistes et LFI, malgré le pacte électoral passé l'été dernier. "Le plus tôt vous serez parti, le mieux cela sera. Car le plus tôt le président Macron s'en ira", a lancé la présidente du groupe LFI Mathilde Panot à M. Bayrou.

"Retrouver la stabilité"

M. Bayrou a estimé devant l'Assemblée que "l'injonction que le pays nous assigne, c'est de retrouver la stabilité". La France traverse en effet une période d'instabilité politique inédite depuis des décennies.

M. Bayrou doit naviguer sur la scène politique éclatée issue des législatives anticipées organisées après la dissolution surprise de l'Assemblée par le président Emmanuel Macron en juin. L'hémicycle est fracturé en trois blocs (alliance de gauche / macronistes et centristes / extrême droite), dont aucun ne dispose de la majorité absolue.

Faire passer le budget

Représentant historique d'une politique centriste, M. Bayrou a pour premier défi de faire passer un budget pour 2025, sous la pression des oppositions et des marchés financiers.

Le premier ministre a annoncé à ce propos que son gouvernement visait un déficit public à 5,4% du PIB en 2025, contre 6,1% attendus pour 2024. La France a affiché la pire performance des Vingt-Sept à l'exception de la Roumanie, très loin du plafond de 3% autorisé par les règles de l'UE.

Eviter le sort de Barnier

Le Premier ministre cherche à éviter de subir le même sort que son prédécesseur conservateur Michel Barnier, dont le gouvernement avait été renversé au bout de trois mois par une alliance des députés de gauche et d'extrême droite. M. Barnier avait tenté, en vain, d'obtenir un engagement de "non-censure" de l'extrême droite, là où M. Bayrou mise sur la gauche et particulièrement les socialistes.