Quinze années de tentatives
Seuls les cantons de Saint-Gall et du Tessin interdisent la burqa, mais plusieurs autres ont tenté de le faire, surtout en Suisse alémanique. Etonnamment, l’interdiction française y a fait davantage d’émules
Initiative «Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage»
Si les avis divergent chez les musulmanes de Suisse, beaucoup se sentent stigmatisées par l’initiative
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Igor Cardellini
12 février 2021 à 22:22
65%
des sondés seraient favorables à l’initiative
Voile intégral » Elle suscite un débat passionné. L’initiative «Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage», dite antiburqa, a été largement commentée par tous les bords politiques. Pour cause, le texte qui émane du Comité d’Egerkingen – proche de l’UDC – aussi à l’origine de l’initiative contre les minarets acceptée en 2010 par 57,5% des votants, a une forte charge identitaire, plaçant au centre de l’attention les femmes et l’islam. Selon le dernier sondage Tamedia, elle serait approuvée par 65% le 7 mars. Mais qu’en pensent les femmes musulmanes, dont la pluralité des points de vue a été relativement peu relayée jusqu’ici?
La très médiatique Saïda Keller-Messahli, présidente du Forum pour un islam progressiste (FIP), a choqué lors de son passage dans l’émission Arena de la SRF par la virulence de sa diatribe à l’encontre des opposants à l’initiative. Notamment Amira Hafner-Al Jabaji, présentatrice de la Sternstunde Religion sur la chaîne publique, pour qui la Zurichoise d’origine tunisienne s’est «radicalisée ces dernières années», «tient des propos haineux», «généralise» et émet des «déclarations sans fondement». A la suite de l’émission, enregistrée à la fin janvier, Saïda Keller-Messahli s’est d’ailleurs excusée publiquement sur Twitter, admettant y être allée «trop fort».
La militante contre l’islam politique estime néanmoins être victime d’une «campagne de dénigrement» et être diabolisée car elle «ose défendre un objet politique malgré le fait qu’il provienne d’un comité proche des rangs de l’UDC». Son argument principal: «La burqa et le niqab sont des uniformes qui renvoient la femme à une place indigne, qui reproduisent une vision selon laquelle le corps féminin serait impudique et qui confirment un ordre misogyne et discriminatoire, notamment défendu par les Frères musulmans, dans lequel il n’y a aucune égalité possible entre hommes et femmes.»
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Seuls les cantons de Saint-Gall et du Tessin interdisent la burqa, mais plusieurs autres ont tenté de le faire, surtout en Suisse alémanique. Etonnamment, l’interdiction française y a fait davantage d’émules
La votation sur l’interdiction de se dissimuler le visage tombe comme un paradoxe en pleine crise sanitaire, alors que les masques ont envahi l’espace public. Karin Keller-Sutter a lancé ce mardi la campagne du «non»