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Initiative «Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage»

Burqa, duel à gauche

Marlyse Dormond et Lisa Mazzone s’opposent sur l’initiative visant à interdire de se dissimuler le visage

Débat contradictoire sur la burqa entre Lisa Mazzone et Marlyse Dormond Photo Lib / Charly Rappo, Lausanne, 25.01.2021Charly Rappo

 Sevan Pearson

Sevan Pearson

8 février 2021 à 17:27

Temps de lecture : 1 min

Débat » Toute la gauche est opposée à l’initiative visant à interdire de se dissimuler le visage dans l’espace public et qui vise notamment le voile intégral islamique. Toute? Pas exactement. Tout en se démarquant du Comité d’Egerkingen (proche de l’UDC) qui a lancé le texte, des voix s’élèvent parmi les socialistes pour soutenir l’initiative. Parmi elles, l’ancienne conseillère nationale Marlyse Dormond (ps, VD). Elle fait partie du comité «A visage découvert». Celui-ci regroupe des personnalités romandes de plusieurs formations (notamment PS, PDC et vert’libéraux) et soutient le oui, tout en rejetant une quelconque motivation islamophobe. La Vaudoise a croisé le fer lors d’un débat animé avec la conseillère aux Etats Lisa Mazzone (verts, GE), opposée à l’initiative.

Madame Dormond, vous, femme de gauche, soutenez une initiative lancée par un comité connu pour ses positions très dures face à l’islam. N’est-ce pas contre-nature?

Marlyse Dormond: Je ne soutiens pas le Comité d’Egerkingen, mais l’interdiction du voile intégral en Suisse. Ce serait un manque de courage que de dire le contraire de ce que je pense. Je combats ce groupement et j’avais voté contre l’initiative bannissant les minarets qu’il avait lancée. Je ne suis pas islamophobe.

C’est ce que vous reprochez au texte, Madame Mazzone…

Lisa Mazzone: Le problème, c’est que le Comité d’Egerkingen n’avance pas à visage découvert. Sous prétexte de libération des femmes, il envoie un message stigmatisant et islamophobe. Après s’être attaqué aux minarets, ce comité choisit un autre symbole, celui du niqab (voile ne laissant apparaître que les yeux, ndlr) porté par seulement 20 à 30 femmes en Suisse. C’est populiste et cela vise à attiser les peurs.

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a estimé en 2014 que la loi française interdisant le voile intégral pouvait se justifier par la nécessité du «vivre ensemble». Où est alors le problème avec un texte législatif similaire en Suisse?

L.M.: La CEDH n’a pas dit qu’il était interdit de porter le niqab, elle a simplement permis à un Etat de l’interdire. La question posée par l’initiative est de savoir s’il faut inscrire ou non des prescriptions vestimentaires dans la Constitution. J’estime que ce n’est pas à l’Etat de dire aux femmes comment elles doivent s’habiller ou se déshabiller! Il faut cesser de les infantiliser, mais plutôt leur donner la parole. En Suisse, selon une étude, les femmes qui portent un voile intégral le font par choix. Obliger quelqu’un à le porter est puni par le code pénal.

M.D.: En se dissimulant le visage, on rejette l’autre. C’est contraire au «vivre ensemble». Plusieurs pays ont adopté des lois en ce sens: la France, la Belgique, l’Autriche, le Danemark, le Maroc et le Sénégal.

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