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Suisse

Le jeu des alliances se poursuivra

Le glissement à gauche provoqué par le succès des Verts n’est pas synonyme de majorité politique

Les doléances des jeunes grévistes pour le climat devront trouver des relais sous la Coupole fédérale.

 Christiane Imsand

Christiane Imsand

21 octobre 2019 à 04:01

Conseil national » Grands vainqueurs des élections, les Verts ont mis fin à la domination de la droite au Conseil national. L’UDC et le PLR n’occupent plus que 83 sièges sur 200 et ils ne sont donc plus en mesure d’imposer leur loi à la Chambre du peuple. Pour autant qu’ils l’aient jamais été! On a en effet constaté pendant la dernière législature que le glissement à droite constaté en 2015 n’a pas empêché la conclusion de compromis de centre gauche sur les retraites et la fiscalité, notamment en raison de la composition du Conseil des Etats où l’UDC ne compte guère.

Cette fois, le glissement est à gauche, mais il ne va pas changer fondamentalement la donne car aucun parti ne détient de majorité parlementaire. Toutes les formations restent condamnées à conclure des alliances pour faire aboutir leurs projets. Les Verts le savent bien. C’est pourquoi ils appellent l’ensemble des forces politiques à participer à un sommet sur le climat afin de définir une stratégie de réduction rapide des gaz à effet de serre. «Nous avons besoin de solutions ambitieuses qui puissent être acceptées par la population, explique le chef du groupe des Verts Balthasar Glättli (ZH). Dans un premier temps, il faut accélérer la révision de la loi sur le CO2 en se basant sur les résultats acquis au Conseil des Etats. Mais cela ne suffira pas. Nous aurons besoin d’un second paquet de mesures climatiques, plus strictes, pour atteindre l’objectif de neutralité carbone.»

Les Verts muselés

Le signal donné par les urnes va certes contraindre le parlement à serrer la vis aux énergies fossiles, mais les partis bourgeois ne sont pas disposés à laisser les Verts mener le jeu à leur guise. «La conférence sur le climat, c’est du marketing politique», assène le président du PDC Gerhard Pfister. Dans ce domaine comme dans d’autres, il estime que le PDC est bien placé pour continuer à jouer un rôle de pivot. «C’est grâce à nous que la révision de la loi sur le CO2 a été adoptée par le Conseil des Etats», rappelle-t-il. Au PLR, la présidente Petra Gössi continue à réclamer une politique climatique qui ne pénalise pas l’économie tandis que l’UDC se prépare déjà à en appeler au peuple, estimant que les électeurs pourraient se montrer moins sensibles à l’écologie au moment de voter de nouvelles taxes sur les carburants.

L’Europe divise

En ce qui concerne la question européenne, le rééquilibrage du parlement ne devrait pas avoir beaucoup d’impact. Le président du PS Christian Levrat espère qu’il permettra de renforcer la protection des salaires dans l’accord-cadre négocié avec l’UE, mais la balle est d’abord dans le camp des électeurs qui se prononceront l’an prochain sur l’initiative de l’UDC contre la libre circulation des personnes. L’acceptation de cette initiative mettrait fin à la discussion. Une bataille préliminaire aura lieu en décembre au parlement qui est invité à approuver une nouvelle contribution de 1,3 milliard de francs à l’élargissement de l’UE. «Si l’UE ne renonce pas aux sanctions contre la Suisse, cette contribution ne sera pas versée», avertit Gerhard Pfister. Le président du PDC fait référence à l’équivalence boursière refusée à la Suisse et à son exclusion du programme de recherche Horizon 2020.

La fiscalité revisitée

Dans le domaine social, il n’y a pas non plus de nouvelle impulsion à attendre du parlement. L’opposition de la gauche rose-verte à l’élévation de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans ne fait pas le poids face à la majorité bourgeoise, rejointe sur ce point par les Vert’libéraux. Par contre, la nouvelle composition du Conseil national renforcera l’alliance du PS, du PLR, des Verts et des Vert’libéraux en faveur d’une imposition individuelle. Ce serait une lourde défaite pour le PDC, soutenu par l’UDC, qui cherche à supprimer la pénalisation fiscale des couples mariés par rapport aux concubins tout en maintenant une imposition du couple propre à ne pas affaiblir l’institution du mariage.

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