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Suisse

L'ATE s'oppose à toute nouvelle construction de route

L’ATE s’oppose à toute nouvelle construction et dénonce une vision passéiste du Conseil fédéral

L’ATE aimerait que le ballet des pelleteuses cesse et qu’on arrête de construire de nouvelles autoroutes ou de les élargir.

 Sophie Dupont

Sophie Dupont

17 janvier 2023 à 02:01

Mobilité » Faut-il encore construire de nouvelles routes à l’heure de l’urgence climatique? Pour l’Association transports et environnement (ATE), la réponse est non. L’organisation a dénoncé hier une vision «dépassée» du Conseil fédéral et de ses projets de développement routier.

«Les infrastructures sont développées sur la base de prévisions erronées et génèrent elles-mêmes en grande partie le surplus de trafic», a martelé Ruedi Blumer, président de l’ATE et conseiller national socialiste (SG). Alors que la mobilité routière représente 31% de l’ensemble des émissions de CO2 en Suisse, l’extension des routes menace également la biodiversité et détruit les terres agricoles.

Menace de référendum

Pas question pour l’association dans ce contexte d’investir les 4,3 milliards de francs prévus pour les projets d’extension des routes nationales pour la période 2024-2027. Le Conseil fédéral doit publier prochainement son message sur les projets planifiés pour lutter contre les goulets d’étranglement. Les extensions validées sont situées dans les cantons de Berne, Saint-Gall et Bâle. Si le paquet est accepté par le parlement, l’ATE le combattra par référendum.

«Nous refusons d’investir dans des infrastructures qui provoquent des émissions de CO2 et cimentent une planification des transports incompatible avec les objectifs climatiques. Il est temps d’amorcer le changement», argue Ruedi Blumer. Le Conseil fédéral estime au contraire qu’il n’y a pas le choix d’étendre le réseau routier dans les lieux où d’autres mesures comme l’adaptation de la vitesse ne suffisent pas à réguler le trafic.

La Suisse romande n’est pas en reste. Elle attend aussi de réaliser ses projets, dans le cadre du volet routier du programme de développement stratégique PRODES. L’Arc lémanique est fortement concerné, avec la troisième voie entre Lausanne et Genève, l’élargissement de l’autoroute de contournement à Genève, la suppression du goulet d’étranglement de Crissier ou encore le contournement de Morges. Le canton de Neuchâtel attend le contournement du Locle et de La Chaux-de-Fond. Ces extensions routières romandes ne font pas partie des priorités du Conseil fédéral pour 2024-2027, mais il est prévu qu’elles soient réalisées à l’horizon 2030 ou 2040.

L’ATE s’y oppose. «Plutôt que le développement des routes, nous demandons une plus grande réflexion sur la gestion des pics de circulation. Sinon, on engendre un appel d’air», juge Isabelle Pasquier-Eichenberger, vice-présidente de l’ATE et conseillère nationale verte (GE). Elle relève que le Conseil d’Etat genevois a pour objectif une diminution de 40% du trafic routier à l’horizon 2030. Outre le développement des transports publics et de la mobilité douce, l’association préconise des péages urbains pour réguler le trafic, avec des tarifs plus élevés aux heures de pointe. Genève et Bienne comptent développer des projets pilotes. Le télétravail et les horaires décalés sont également proposés par l’ATE pour désengorger les routes.

«Le Conseil fédéral a revu ses pronostics de mobilité individuelle vers le bas. Mais la mobilité des loisirs augmente. Il faut étoffer l’offre en transports publics», poursuit Isabelle Pasquier-Eichenberger. Seuls 9% à 12% des fonds PRODES vont aux projets d’agglomération, qui incluent le développement des transports publics et de la mobilité douce. «Ces moyens sont insuffisants. De nombreux projets sont reportés alors qu’ils concernent souvent le développement de trams, de bus ou de pistes cyclables», observe Ruedi Blumer.

Point positif relevé, l’extension des zones à 30 km/h. «Aujourd’hui, près de 40% de la population suisse vit à proximité d’une zone 30 et profite ainsi d’une meilleure qualité de vie et de davantage de sécurité», se réjouit Ruedi Blumer. Depuis le début de l’année, les procédures pour introduire une nouvelle zone 30 se sont allégées. Les communes n’ont plus besoin de demander une expertise. Signe de changement, l’Union des villes suisses réclame désormais que les zones 30 deviennent la norme dans les villes afin de réduire le bruit. Le courrier

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