Fribourg exporte ses extrémistes
Quatre Fribourgeois sont en lice pour les fédérales avec le Parti nationaliste suisse
L’UDC risque gros dans les Grisons: la perte éventuelle d’un des deux sièges menace Magdalena Martullo-Blocher, dont le domicile zurichois continue à déplaire. Elle mène une campagne assidue de vallée en vallée
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ariane gigon, tiefencastel, seewis (GR)
7 octobre 2019 à 02:00
Nervosité » Elle est partout: non seulement sur les affiches, seule ou avec ses colistiers, mais aussi dans les vallées, de débat en soirée musicale, d’inauguration en désalpe: Magdalena Martullo-Blocher, qui a fêté ses 50 ans en août, élève trois enfants, dirige EMS Chemie et environ 1000 personnes, et se bat pour sa réélection au Conseil national. Un des deux sièges UDC grisons est en danger et la Zurichoise, probablement l’une des personnalités dont on parle le plus cet automne, tout en n’accordant aucune interview, «se bat comme une lionne», dit un observateur.
Quel contraste: l’après-midi à Seewis, dans la région du Prättigau, Magdalena Martullo-Blocher rayonne en discutant avec de jeunes éleveuses de bétail. EMS Chemie sponsorisant le Prix de la reine des alpages à la plus belle vache, elle est là pour remettre les récompenses. Elle sourit, distribue des porte-clés à son effigie, cause avec le public. Quelques heures auparavant, l’ambiance était très différente. La fille de Christoph Blocher était arrivée à Tiefencastel, dans la vallée de l’Albula, en se dirigeant directement sur la scène où un débat devait avoir lieu avec d’autres candidats. «Je n’ai pas le temps pour vous», dit-elle aux journalistes, comme elle l’a dit pratiquement à chaque événement de sa campagne électorale. Plus tard, elle admettra: «Je n’aime pas trop ce genre de débat.»
Pourtant, son discours est bien rodé: elle énumère tout ce qu’elle a fait ces quatre dernières années pour les Grisons, pour affaiblir la protection du loup ou en faveur de l’énergie hydraulique par exemple. «Je suis votre conseillère nationale, insiste-t-elle, et je suis la seule Grisonne à la commission de l’économie et des redevances.»
Car c’est là que le bât blesse: la fille de Christoph Blocher réside à Meilen, sur la côte dorée zurichoise. «La polémique n’a jamais disparu», affirme l’ancien conseiller national socialiste Andrea Hämmerle, selon qui la candidate est «incroyablement nerveuse», ce qui ne l’empêche pas de «se battre comme une lionne». Pour Elros Lozza en revanche, venue écouter les candidats, «le lieu de résidence ne joue aucun rôle. J’aime son style, elle est directe, elle dit ce qu’elle pense, elle ne fait pas de manigances dans le dos des gens.»
A Seewis plus tard, un couple, qui ne veut pas dévoiler son nom, défend aussi l’entrepreneuse: «Elle fait beaucoup pour la région, elle nous connaît, elle vient souvent ici. C’est égal, si elle n’habite pas dans les Grisons», dit Madame.
Pendant le débat, Magdalena Martullo-Blocher a parlé de l’accord-cadre avec l’Union européenne, qui, selon elle, «aura de graves répercussions pour les régions périphériques comme la nôtre», dans presque chacune de ses interventions. Elle n’ignore pas le changement climatique non plus: «EMS Chemie est le plus grand acteur de la diminution des émissions de CO2», martèle-t-elle. «Mais nous le faisons sur une base privée, ce n’est pas l’Etat qui doit contraindre les gens, ajoute-t-elle. Toute la politique climatique va vous coûter des fortunes», lance-t-elle au public, faisant réagir les candidats socialistes, écologistes et Vert’libéraux.
Le politologue Claude Longchamp résume la situation: «Magdalena Martullo-Blocher a été élue avec une très courte avance en 2015, et les sondages donnent l’UDC perdante, mais légèrement. Si c’est Heinz Brand, qui est à Berne depuis 2011, qui n’est pas réélu, le parti perd une personnalité importante, président de Santésuisse et futur président du Conseil national. Si Magdalena Martullo-Blocher est évincée, c’est une défaite personnelle et aussi l’échec de l’idée que l’on peut faire des candidats zurichois dans le canton des Grisons (rires). Elle est en outre une future candidate pour le Conseil fédéral, ce qui, si elle n’est pas réélue, posera un problème supplémentaire au parti.»
Tandis que la libérale-radicale Vera Stiffler fait campagne avec le slogan «la vraie Grisonne», Heinz Brand a envoyé un tous-ménages dans le canton, pour «rappeler que les Grisons n’avaient eu que deux présidents du Conseil national en 100 ans, et que je pourrais être le troisième en 2021». La NZZ am Sonntag a révélé que les ténors de l’UDC ont passé un accord: en cas de non-élection d’un des deux actuels députés, le premier vient-ensuite ne sera pas sur la même liste, mais ce sera le mieux élu – ou la mieux élue – de l’autre liste.
Le PBD, né dans les Grisons après l’élection de l’ancienne UDC Eveline Widmer-Schlumpf au Conseil fédéral, risque également gros: c’est son unique représentant, Duri Campell, qui pourrait être évincé. L’«alliance climatique» – composée des Verts, des socialistes et des Vert’libéraux, a, ici aussi, le vent en poupe.
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