Les petits partis ont leur carte à jouer
Certains partis n’ont que peu de chances d’accéder au Conseil national. Tout n’est pas perdu pour autant
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Nicolas Maradan
19 septembre 2019 à 21:07
Politique » Par commodité plutôt que par dénigrement, appelons-les les petits partis. Certes, plusieurs d’entre eux ont des élus au niveau communal, voire au Grand Conseil. Mais, pesant entre 1 et 3% des suffrages, voire moins, ils n’ont pas l’envergure pour décrocher cette année l’un des sept sièges fribourgeois au Conseil national. Pourtant, aucun n’aurait voulu manquer le grand rendez-vous des élections fédérales. Ils sont même de plus en plus nombreux sur les rangs. Il y a vingt ans, 14 listes représentant 6 partis tentaient de conquérir les 6 sièges alors en jeu. Cette année, en vue du scrutin du 20 octobre, il y a 25 listes pour 10 partis (sans compter les mouvements citoyens).
« La monoculture est mauvaise en agriculture. Elle l’est aussi en politique »
Diego Frieden
Certaines formations ont disparu, à l’instar du Parti social-démocrate. D’autres sont apparues, comme le Parti bourgeois-démocratique ou le Parti vert’libéral. Toutes ont un point commun: elles revendiquent leur droit de participer au débat politique. «La monoculture est mauvaise en agriculture. Elle l’est aussi en politique», image Diego Frieden, secrétaire politique du Centre gauche-PCS. «C’est la pluralité des idées qui fait la richesse du tissu politique. Et même les grands partis accueillent en leur sein différentes tendances, une aile gauche, une aile droite», renchérit Sophie Tritten, coprésidente des chrétiens-sociaux fribourgeois.
Changement d’allégeance
De fait, chaque parti tente d’occuper une case bien spécifique de l’échiquier politique. «Nous sommes le seul parti qui combine des valeurs environnementales et sociales, comme les Verts ou le PS, avec la notion de responsabilité personnelle qui caractérise plutôt les partis de droite», explique Simon Grebasch, président du Parti évangélique fribourgeois. Son homologue chez les Vert’libéraux, Irene Bernhard, en appelle elle aussi à la perméabilité de la frontière entre gauche et droite. «Nous voulons une politique durable. Quand nous parlons de durabilité pour les questions économiques ou sociétales, nous sommes considérés comme un parti de droite. Et quand nous appliquons la durabilité à l’environnement, nous sommes classés à gauche. Mais, pour nous, cette distinction est dépassée», estime-t-elle.
C’est pourquoi par pragmatisme – opportunisme, diront certains – les petits partis n’hésitent pas à changer parfois d’allégeance. Cette année, le Parti évangélique a par exemple quitté la grande alliance de gauche pour rejoindre le PDC. Idem pour le PBD, qui a préféré les démocrates-chrétiens aux libéraux-radicaux. Quant aux Vert’libéraux, ils sont apparentés au PDC pour l’élection au Conseil national tandis que leur unique député au Grand Conseil appartient au groupe Vert Centre gauche. De quoi s’y perdre? «Nous cherchons des alliances là où ça fait du sens», répond Irene Bernhard. Qui ne cache pas que s’unir au conservatisme démocrate-chrétien a froissé certains membres de son parti.
Mais c’est le prix à payer pour avoir un rôle à jouer lors de ces élections fédérales. Car tous les quatre ans, les petits partis deviennent des faiseurs de roi, courtisés de toutes parts. Par le jeu des apparentements, leurs voix s’additionnent en effet à celles des plus grandes formations qui ont besoin de ce coup de pouce pour faire élire ou réélire leurs candidats.
Un objectif stratégique
Mais en échange de quoi? Les réponses varient. «Notre objectif est de faire connaître nos candidats en vue des élections cantonales de 2021, avec pour but de décrocher alors un siège au Grand Conseil», indique Anthony Jaria, président du PBD fribourgeois. Pour beaucoup, le renouvellement de l’Assemblée fédérale est en effet un moyen de sortir de l’ombre. «Ces dernières semaines, nous avons augmenté notre visibilité sur les réseaux sociaux. Certains découvrent notre parti», confirme Diego Frieden.
Pour d’autres, l’objectif est plus stratégique. C’est le cas du Parti vert’libéral, qui voit plus loin que les frontières fribourgeoises. «Grâce aux voix du PDC, nous espérons gagner des sièges dans certains cantons où nous sommes aussi alliés comme à Berne, à Zurich, en Thurgovie ou à Saint-Gall», souligne Irene Bernhard. Qui sait que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières.
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